Bonjour Zep, pouvez-vous nous raconter la genèse d'Une histoire d'hommes ?
Je voulais parler du temps qui passe et qui nous fait abandonner nos idéaux..du fait de devenir un homme ou de vieillir adolescent. J'ai pris le destin d'un groupe de rock en toile de fond, parce que c'est une histoire de bande, d'amitié...et aussi parce que c'est une musique qui essaie de rester adolescente depuis 50 ans. J'avais aussi envie de parler du deuil, de l'espoir.
Pourquoi ce changement d'univers maintenant, quel a été le déclic ?
J'avais publié mes carnets de voyage, il y a deux ans chez Gallimard. C'était la première fois que je m'autorisais à montrer la part plus "grave" de mon travail, plus sérieuse... Beaucoup de lecteurs ont été touchés par ce livre. Par les dessins et par les textes. Je me suis dit qu'il était peut être temps d'oser écrire sans le bouclier de l'humour.
Vous changez votre dessin et votre mode narratif dans Une histoire d'hommes, quelles sont les difficultés que vous avez rencontré ?
Sur le dessin, il y a eu beaucoup de travail. J'ai redessiné l'album 3 fois. Chaque fois pour m'approcher de ce que j'avais en tête. Même si j'utilise le dessin réaliste dans mes carnets depuis des années, je n'avais jamais fait de bande dessinée réaliste et là, c'est une autre histoire...
Avez-vous ressenti une pression particulière à la sortie de cette BD ?
Pas une pression...plutôt une excitation. Je suis curieux de savoir comment les lecteurs vont la recevoir. Il y a toujours beaucoup d'éléments inconscients dans un livre... Ce sont les lecteurs qui nous les révèlent, c'est aussi pour ça que l'on fait des livres.
Une histoire d'hommes est une histoire sur un groupe de rock, c’était pour vous inévitable de faire le lien entre vos deux passions ?
Non, j'ai d'autres passions... Mais j'ai choisi ce milieu que je connais bien. C'était aussi rassurant puisque j'étais en quelque sorte débutant dans le style réaliste.
Quelle serait la bande son idéale pour Une Histoire d'Hommes ? Avez-vous composé des chansons lors de l'écriture de cette BD ?
J'en ai composé quelques unes... mais celles qui sont chantées par Yvan dans l'album ne sont que des textes. Ca a été la réaction de Cosey à la lecture d'Une histoire d'hommes : As-tu enregistré ces deux chansons? Sinon, je préfère que chacun fasse sa bande son. Il y a une seule page où l'on voit les musiciens sur scène. Lorsque je la lis, je n'entends pas toujours la même musique. Ca peut être le Jim Jones Revue, Police, les Red Hot Chili peppers, led zep...
Si vous devriez choisir entre un crayon et une guitare ?
Je n'ai jamais choisi... j'ai les deux à la maison. Un peu plus que deux, même... j'ai une quinzaine de guitares et beaucoup de crayons.
Cette BD est un huis clos dans les brumes anglaises, cette atmosphère fait penser à une ambiance de polar, le polar est-il un univers qui vous tenterait pour une autre BD ?
Peut être, peut être... Une histoire d'hommes est déjà une sorte de polar. On a une double énigme qui se résout par étape.
Allez-vous continuez à nous offrir des one shot plus adultes de temps en temps ou même une nouvelle série ? Quels sont vos projets ?
Je termine avec Stan & Vince le prochain tome des Chronokids qui paraitra en mars, puis un Happy parents pour l'été prochain... ensuite un nouveau one-shot réaliste et sans doute un Titeuf.
Quels sont vos derniers coups de cœur aussi bien en matière de BD, littérature, musique ou cinéma ?
Je suis entrain de lire le Manifeste Incertain de Pajak qui est mon auteur contemporain favori, j'écoute en boucle Another Self Portrait, de Bob Dylan et je vous recommande, si vous avez des enfants (ou pas), l'exposition Pixar au musée Arludik, à Paris.
Merci Zep, on vous laisse le mot de la fin.
Une plume libre, ça fait rêver... en même temps, Tomi Ungerer disait que ce sont nos traumatismes qui nous font auteurs. Alors, bon...