François Baranger




François Baranger



Bonjour François Baranger, afin de mieux vous connaître, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et votre parcours ?
J’ai fait des études généralistes classiques jusqu’au Bac, puis j’ai passé quelques années dans une école d’art. Ma formation initiale est illustrateur, mais, après mes études, j’ai eu envie d’explorer d’autres domaines artistiques. Le multimédia (eh oui, cela a existé, à la préhistoire), l’image de synthèse, la réalisation de courts métrages d’animation, le jeu vidéo, et j’en passe. J’ai même fait un bref passage par la BD. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine d’années d’expériences diverses que je suis revenu à mes amours initiales en devenant concept-artist, c’est-à-dire illustrateur pour le cinéma et le jeu vidéo.

 

Illustrateur pour le cinéma, les jeux vidéo…, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’écriture de romans ?
Par simple envie de raconter des histoires. Alors que j’avais touché à presque toutes les formes d’expressions qui permettent d’en raconter, réalisation de films, auteur de BD, illustration (oui, oui, l’illustration est aussi une façon de raconter une histoire), j’ai mis longtemps à m’essayer à celle qui parait pourtant la plus évidente : le roman. Je crois que j’avais une sorte de complexe de légitimité. Ayant fait des études d’arts plastiques, j’avais le sentiment que je serais nécessairement ridicule en essayant d’écrire. C’est pourquoi je m’y suis mis aussi tard.



L'effet domino - François Baranger
Votre roman, L’effet Domino, vient de sortir aux éditions Bragelonne, pouvez-vous nous le présenter ?
L’histoire se déroule à Paris, en 1907, alors qu’un tueur en série, appelé le Domino, défraie la chronique en assassinant ses victimes d’une manière particulièrement macabre, qui laisse penser à un rituel satanique. L’affaire connait un grand retentissement, car ce sont des proches de personnalités fameuses qui sont touchées, telles que Maire Curie ou le compositeur Camille St Saëns ; mais le tueur ne s’en tient pas là, puisqu’il s’en prend également aux inspecteurs qui enquêtent sur son cas, en décimant leurs familles dans des conditions épouvantables, et en laissant un domino dans la gorge tranchée de ses victimes. Bien évidemment, après deux inspecteurs touchés par ces meurtres horribles, les autorités hésitent à confier l’enquête à quelqu’un d’autre. Le préfet de police, un certain Louis Lépine (encore bien connu aujourd’hui) fait alors venir de Rennes et dans le plus grand secret, Philippe Lacinière, un inspecteur sans attache, connu pour ses idées iconoclastes, ses talents d’enquêteur ainsi que, il faut bien le dire, son mauvais caractère. Lacinière accepte de prendre en charge cette affaire hors norme avec deux assistants qu’on lui impose, un jeune flic, bien au fait des techniques modernes, et une jeune femme noble aux idées féministes, et au caractère bien trempé. Lacinière redémarre alors l’enquête dans le plus grand secret là où les précédents inspecteurs l’avaient arrêtée, et se doute rapidement qu’ils faisaient fausse route…

Après avoir écrit de la science-fiction avec le diptyque Dominium Mundi (éditions Critic et éditions Pocket), qu’est-ce qui vous a décidé à changer totalement d’univers avec L’effet Domino ?
Il n’y a pas de raison particulière, c’était une envie de circonstance. En écrivant Dominium mundi, je ne me percevais pas comme un écrivain de SF. J’aime la SF, mais avant tout, j’ai envie d’inventer des histoires, qu’elles soient situées dans un univers ou dans un autre importe peu du moment que l’idée me plait.
J’aime changer de registre, ne pas rester trop longtemps dans le même domaine. J’ai d’ailleurs le même travers dans mon métier d’origine, illustrateur. Il suffit que je travaille sur un projet d’heroic fantasy, par exemple, pour que j’aie envie de faire de la SF, ou bien si je travaille sur un sujet réaliste, je n’aurai qu’une envie, passer à du fantastique.


Quelles ont été vos recherches pour retranscrire aussi bien l’ambiance du Paris du début du 20e siècle ?
Fastidieuses ! Principalement dans des livres d’époque, tels que des vieux guides de voyage ou des mémoires (celles de Lépine, par exemple). Également en m’appuyant sur des romans contemporains de cette période, comme Zola ou Huysmans.
Mais la reconstitution ne se limite pas au contexte historique, elle concerne aussi la langue. Comme tout est vu par les yeux du personnage principal – puisque le roman est écrit la première personne – il était indispensable que cela « sonne » d’époque, qu’on ait vraiment l’impression que cette histoire aurait pu être écrite en 1900. Il a donc fallu que je sois très attentif au vocabulaire et aux tournures afin d’éviter un style anachronique. Je suis même allé jusqu’à acheter un vieux Larousse en deux volumes de 1910 qui me permettait de vérifier si tel ou tel mot existait déjà, et s’il était bien employé dans le même sens qu’aujourd’hui. Et, croyez-moi, en la matière, les pièges sont innombrables !


Combien de temps avez-vous mis pour écrire L’effet Domino ?
Entre le premier synopsis et le dernier mot du manuscrit final, il s’est écoulé cinq ans. Mais la véritable période d’écriture s’est étalée sur deux ans environ. Il ne faut pas oublier que c’est une activité que j’exerce en parallèle de mon métier d’illustrateur.



Comment est née la galerie de personnages présente dans L’effet Domino ?
Pour certains, au gré de l’inspiration ; pour d’autres, par nécessité pour l’histoire. Mais je ne peux pas donner d’exemple sans risque d’en dévoiler trop.


Pour l’époque, il est curieux (mais très agréable) de voir une femme présente dans l’équipe d’enquêteurs. Pourquoi ce choix ?
D’abord, parce que j’aime les personnages féminins forts et indépendants. Ensuite, cela me permettait d’aborder les problématiques diverses des femmes à cette époque.



Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le personnage très intéressant de Double-Six ?
Double-six est le premier suspect des enquêteurs avant que Lacinière ne reprenne l’enquête. Pour une raison simple, le domino retrouvé dans la gorge des victimes. En effet, cet évadé du bagne est connu pour son tatouage de dominos sur la poitrine qui lui avait valu son surnom de Double-six. La légende dit que, durant son séjour à Cayenne, il aurait conclu un pacte avec le diable en se faisant tatouer six doubles dominos qui lui donneraient six vies supplémentaires. À chaque vie perdue, l’un des dominos de son tatouage se retournerait magiquement… Est-il vraiment le responsable de ces crimes odieux ? Pour le savoir, Lacinière va devoir le retrouver…
C’est l’un des personnages les plus intéressants du récit, car c’est lui qui apporte la touche surnaturelle. Réelle ou pas, c’est la question que tout le monde se pose à son sujet.
Pour l’anecdote, il m’a été en partie inspiré (pour la personnalité, pas pour l’aspect surnaturel) par Papillon, le roman autobiographique d’Henri Charrière, célèbre évadé de Cayenne.


En commençant l’écriture du roman, saviez-vous précisément où vous alliez, ou vous êtes-vous laissé porter par les personnages ?
Pour un roman policier, il est impératif de dresser un plan détaillé de l’ensemble de l’histoire avant d’en écrire la première ligne. C’est le seul moyen (pour moi, en tout cas), de gérer correctement les fausses pistes et rebondissements divers, d’entretenir le suspense.


Votre roman comporte beaucoup de dialogues qui donnent de la vie au récit. Comment les avez-vous travaillés ?
Pas de méthode particulière. J’ai un seul principe à ce sujet : si une réplique est évidente, alors il ne faut pas la mettre. Rien de plus ennuyeux qu’un dialogue « normal » dans lequel les personnages répondent aux questions qu’on leur pose. Si c’est possible, il faut faire en sorte que les répliques aient l’air d’appartenir à deux conversations différentes. Bien entendu, on ne peut pas faire ça dans toutes les scènes.


La 4e de couverture présente la mention : « Un thriller envoûtant pour les fans de L’Aliéniste de Caleb Carr ». Que ressent-on devant une telle référence ? D’ailleurs avez-vous lu L’Aliéniste ?
Bien sûr ! Un livre impressionnant, qui, en plus, se paye le luxe d’avoir une suite tout aussi excellente. Je ne pense pas que l’éditeur me compare avec ce monument des thrillers historiques (ce qui serait bien trop flatteur pour mon humble roman), mais plutôt qu’il signale aux lecteurs dans quelle catégorie se classe L’Effet Domino.


Êtes-vous vous-même lecteur ? Quels sont vos références et vos derniers coups de cœur ?
Malheureusement, mais nombreuses activités ne me laissent plus le temps de lire autant que je le voudrais. Pire, le peu de temps que je pourrais encore consacrer à la lecture, je le passe à lire de la documentation pour mes propres romans ! Donc, il y a des années que je n’ai plus lu la moindre nouveauté. Le jour où je m’y remettrai, je vais avoir un sacré retard à rattraper !


Allez-vous partir à la rencontre de vos lecteurs pour des séances de dédicace ?
Je serais au Salon du livre de Limoges le 1er et 2 avril. Pour les prochaines dates, je ne sais pas encore. Pour rester informé de ce genre de choses, il suffit de suivre ma page Facebook.


Quels sont vos projets ? Est-il envisageable de retrouver un jour l’inspecteur Lacinière dans une prochaine aventure ?
Tout est possible, mais ce n’est pas prévu pour le moment. J’ai d’autres projets en cours d’écriture, il faut déjà que je les termine.


Merci beaucoup, François Baranger, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci à vous !



 Du même auteur Biographie, chronique, interview

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