Idriss Svenberg







Juin 2010

 





La première question est un rituel sur plume-libre.com. Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis d’une origine compliquée. Je revendique des ancêtres vikings et des ancêtres antillais ayant une origine en méditerranée. Je suis plongeur professionnel. J’écris depuis toujours, pour d’autres, surtout quand mon expertise des pays du nord et de l’est de l’Europe sont demandées.


Vous êtes l'un des premiers auteurs à tenter le projet de l'édition collaborative sur My Major Company Books . Comment êtes vous arrivé dans cette aventure?
Par Facebook en cliquant sur le lien d’un ami. Je fus enthousiasmé de pouvoir afficher ainsi mes manuscrits. L’opportunité de les déposer au jugement des lecteurs et surtout avant la publication, est une révolution dont on ne réalise pas l’intérêt principal, pour des écrivains professionnels ou amateurs, celui de court-circuiter la chaine folle de l’édition traditionnelle. Vous savez comme moi l’épreuve, les sous-entendus, les compromissions que vit un auteur qui arrive, penaud, son manuscrit sous le bras devant un grand éditeur parisien qui lui tient un discours du siècle passé, peu adapté à un marché en pleine mutation à l’ère de l’édition électronique. Je ne parle même pas de l'impossibilité d'envoyer des piles de manuscrits par la poste quand on est comme moi, trop souvent, dans l'impossibilité matérielle de trouver un bureau de poste. Mais je lis beaucoup et, à voir, en dehors de la France, le retour des raconteurs d'histoires (mes cousins nordiques) face aux récits ego-centrés franco-français, je savais qu'il y avait un mouvement nouveau pour mes romans d'aventure. Ici, sur ce site, on voit instantanément, par les messages publiés sur mon mur, s’il faut être satisfait de son travail ou travailler encore. De plus, d’une part, je reçois des messages ?plutôt gentils? qui m’encouragent à continuer mes manuscrits, d’autres parts j’ai vite compris que les autres éditeurs ont vite regardé dans ces presque 500 auteurs non publiés, s’ils pouvaient se servir avant que l'éditeur XO ne fasse son marché. J’ai reçu trois propositions en une semaine sans envoyer un seul manuscrit et je peux vous annoncer qu’au moins un roman (un autre, différent de ceux déposés sur le site) sera en librairie cet automne.



A peine une semaine après le lancement du site, 3 romans sont déjà édités, les vôtres (Demain? La guerre et Krills) sont encore au banc d'essai prochainement. Quel regard portez-vous à cette expérience ?
Je suis enthousiasmé par le système à-priori démocratique où tout le monde peut tenter sa chance.je suis amusé de mon succès, méfiant vis-à-vis de l’éditeur, comme toujours et enfin, heureux de pouvoir livrer ces extraits aux commentaires des internautes. Je suis aussi amusé des premières remarques acides des éditeurs tradi, autres que XO, quand Goldmann a annoncé cette idée sur les ondes, en comparaison des messages qu’ils m’envoient maintenant en catimini. Il deviendra bientôt difficile à un comité de lecture de justifier son refus opaque quand son choix sera contredit par les lecteurs eux-mêmes…



Pourquoi l'édition collaborative de MMC et XO plutôt que l'édition classique?
Je suis un inconnu, impliqué dans la seule recherche de faire connaitre mes manuscrits. C’est une opportunité que je ne pouvais pas manquer et qui correspond tellement à l’air du temps et aux attentes des écrivains et des lecteurs-éditeurs qui se sentent enfin écoutés.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos romans?
Le premier, « Demain ? La Guerre », démontre que nous, les peuples, n’avons aucune mémoire. J'explique comment la Russie pourrait être un jour tentée de rétablir les frontières de l’Union soviétique sans aucune réaction de l’Europe ni des États-Unis… C’est un thriller qui démontre la mécanique abrutissante des lâchetés politiques de nos belles institutions, une fable de l’histoire de l’homme au sein des démocraties quand elles sont soumises à l’action d’un géant totalitaire. Il en résulte, toujours trop tard, une réponse qui mène à la guerre totale et l'annihilation de milliers d'innocents.
Le deuxième, « Krills » est le fruit d’une expérience personnel, alors que j’étais sur un navire de pêche en Mer Baltique. J’ai assisté pendant une tempête, à la dispersion de centaines de milliers de saumons de fermes, génétiquement modifiés pour offrir une chair la plus rentable possible à des usines dirigées par des financiers n'ayant jamais mis les pieds en pleine mer. En quelques vagues, des monstres d’un demi-mètre, affamés par les farines animales sur-vitaminées, goinfrées d’antibiotiques, sont allés se frotter aux espèces endémiques dans un silence parfait. Krills est le récit de ce qui va se passer quand ces espèces modifiées vont coloniser les océans. Je pense que vous allez retenir vos enfants de la baignade après avoir lu cette histoire.


Comment sont nés ces romans?
D’expérience personnelles. Pour le premier, je l'ai imaginé lors d’une discussion tendue, un soir à Riga -Lettonie- dans un bar de la vieille ville, entre un ami (dans le livre, il est sous son nom, Ilmars Blumbergs, le fils du célèbre architecte letton), qui est de cette génération qui a connu les deux mondes, avant et après la chute de l’URSS, et d’un vieil officier général du KGB, resté sur place et, comme souvent les russes apatrides des pays baltes, miséreux depuis le départ des Russes. J’ai compris que rien, jamais, ne sera oublié, de part et d’autre. L’autre roman est un de ces récits que je ramène de mes voyages sur les océans.
Comment écrivez-vous?
L’écriture est une nécessité, je vis avec les mots. Partout, tout le temps, une vingtaine de pages par jour. Mes histoires sont écrites complètement, en détails dans mon cerveau. Mes mains ont pour fonction de débrouiller et clarifier le récit tout en y ajoutant un style particulier. Quand je le peux, je vais sur place pour mes recherches, plus attiré par le terrain que par les informations sur Internet.

Quelles sont vos influences?
Je suis un amoureux transi de ce temps ou la littérature d’espionnage ne s’appelait pas « thriller » et était reconnue comme un genre littéraire plutôt qu’un genre de second plan. Les écrivains racontaient des histoires folles plutôt que de raconter leurs fantasmes et leurs désillusions. Mes influences sont donc Deighton, Green, Volkoff, Raspail, les premiers John Le Carré, mais aussi les nouveaux venus, les Thilliez et les Kemp, les Friberg et les Guillaume. On ne fait plus de différence entre ces auteurs, dit de "Polars" et leurs ainés, par la construction des romans et aussi par le travail de la langue…
Quels sont vos projets?
Publier ces deux manuscrits, peut-être sur MMC, si une jauge m’est ouverte, sinon chez l’un des éditeurs qui m’a contacté. Je préférerai que ce soit sur MMC, parce que l’aventure est passionnante.
Quel regard portez-vous sur Internet ?
L’internet suit une révolution dont votre site est le parfait exemple. Il est bien plus efficace et sain de se faire repérer par des blogs ou des sites en ligne que d’envoyer son office de presse que l’on retrouve le lendemain, vendu sur les Quais. De plus, je mène une réflexion depuis plusieurs mois en essayant de découvrir si c’est le réseau de la toile lui-même ou sa façon d’interagir avec les internautes qui est la cause de cette révolution. De plus en plus, avec les solides amitiés que je noue sur le Web, je pense que c’est la partie « sociale » du réseau qui va bouleverser nos vies futures. Internet devient un infini « Facebook » dans lequel vous vous créez des réseaux d’amis par affinités et non des relations d’affaires soumises à la hiérarchie sociale traditionnelle. On revient aux idées qui ont prévalu à l’émergence du Web avec ces « communautés d’intérêts » qui devaient servir, et de contre-pouvoir, et de réseaux sociaux communautaires.
On vous laisse le mot de la fin.
Internautes de tous pays, misez sur le futur best-seller de l’été, misez sur Idriss Svenberg, surtout parce qu'il a de jolis yeux !
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