Jean-Louis Fetjaine

Jean-Louis Fetjaine 





 juillet 2008

 

 

 

Bonjour, Jean-Louis Fetjaine.
Commençons par le petit rituel de Plume Libre : Qui êtes-vous, Jean-Louis Fetjaine ?

     C'est une drôle de question. Qui je suis ? Vous allez être déçu. Ce que je suis n'a pas grand rapport avec la Fantasy. Je suis le père de 3 enfants, je suis le mari de Flo, je suis éditeur et j'écris des livres depuis un bout de temps. 

 

Comment en êtes-vous venu à écrire des romans de fantasy ? Qu'est-ce qui vous a particulièrement attiré dans les Arthuriades ?

     J'ai commencé par écrire des livres d'humour avec Pierre Antilogus, dont Le Guide du jeune père  qui a eu un succès énorme. Puis quand notre « couple » s'est séparé j'ai retrouvé un bout de texte que j'avais écrit à la suite d'une partie de Donjons et Dragons particulièrement mouvementée, et qui racontait ni plus ni moins que les péripéties de cette partie. C'est à partir de ce texte que j'ai commencé à écrire Le Crépuscule des elfes. Puis tout en écrivant j'ai trouvé l'idée d'y incorporer les mythes celtiques et gaéliques et d'essayer de faire le lien entre l'univers des elfes à la Tolkien, plutôt d'inspiration nordique ou germanique, à celui des légendes celtiques, dont la matière arthurienne

 

Vous êtes passé par plusieurs « styles », en les ayant même mélangés parfois : fantasy, roman historiques etc ... Dans quel style vous sentez-vous le plus à l'aise ? 

     Dans la Fantasy. Je suis historien de formation et le roman historique est une satisfaction intense, mais le respect de l'Histoire avec un grand H passe nécessairement avant la liberté de l'histoire avec un petit H et donc, de l'imaginaire, de la création. Mais tous ces univers n'en sont qu'un en réalité. Le cycle des elfes - dont Lliane et les tomes suivants - le cycle de Merlin et celui des Reines Pourpres se situe à la même période, dans le même contexte. C'est juste la dose d'Histoire et d'imaginaire qui varie d'un cycle à l'autre.

 

La fantasy est un style qui a connu un très fort développement et une reconnaissance ces dernières années en France. Comment expliquez-vous ce phénomène alors qu'il y a peu d'auteurs français dans ce style ?

     Par le cinéma, j'imagine ? Le Seigneur des anneaux, Narnia... Peu importe. Ce qui est intéressant, c'est que des auteurs français amènent peu à peu un ton différent de celui de la Fantasy anglo-saxonne.

 

Pouvez-vous présenter votre œuvre au lecteur qui ne vous connait pas encore, et notamment nous parler du peuple des elfes, qui occupe une place majeure dans vos récits ?

     Donc : j'ai écrit une première trilogie de Fantasy « Le crépuscule des elfes », puis deux livres, « Le Pas de Merlin » et « Brocéliande » mêlant l'histoire - car Merlin est un personnage historique, ayant vécu au sud de l'Ecosse vers 570 - et merveilleux, puis deux romans historiques, « Les voiles de Frédégonde » et « Les larmes de Brunehilde », sur les reines mérovingiennes de l'époque.

Les elfes figurent ou sont au cœur des deux premiers récits. Dans mon esprit, ils sont très proches des humains et représentent en réalité les peuples bien réels qui vécurent durant les Ages sombres en marge de la société chrétienne, furent oubliés puis redécouverts au cours du Moyen-âge.

 

Quand on se plonge dans la Trilogie des Elfes, un nom vient spontanément à l'esprit : J.R.R Tolkien. Et pourtant, vous avez crée un univers, des légendes qui vous sont propres. Pouvez-vous décrire les différences entre votre monde et la Terre du Milieu ?

     La différence - outre la proximité avec la légende arthurienne - est que je décris un monde hérité des légendes gaëliques des Tuatha Dé Danaan, les tribus de la déesse Dana, dans lequel les elfes, les hommes, les nains et les monstres sont les héritiers des Dieux.

 

Dans le monde décrit dans la Trilogie des Elfes, et maintenant dans Les Chroniques des Elfes, quelque chose soulève l'interrogation : on a à la fois l'impression d'être dans un monde imaginaire, mais aussi dans une réalité historique (l'apparition du christianisme et des prêtres). Pouvez-vous nous expliquer ?

     Il me semble important - essentiel - de donner au lecteur le sentiment d'une réalité historique, afin justement que l'imaginaire devienne crédible. Le monde est bien celui du Haut Moyen-âge, l'environnement historique et mythologique est réel - je n'invente ni des dieux ni des usages de la vie quotidienne - et les elfes viennent s'inscrire dans ce quotidien réel de façon qu'on puisse se demander s'ils n'auraient pas bel et bien existé, en fin de compte.

 

La sortie des films de Peter Jackson a-t-elle, comme pour les livres de Tolkien, suscité un regain d'intérêt des lecteurs pour les Elfes ?

     La question revient à se demander ce qui nous plait tant, chez les elfes. De tous les peuples de l'imaginaire, ils sont nos plus proches cousins, ceux qui nous ressemblent le plus. Et donc l'imaginaire elfique est en fait celui d'une humanité rêvée, proche de la nature, animale, forte et gracieuse à la fois. Au-delà des films, ce qui plait chez les elfes, ce sont les valeurs qu'ils incarnent et l'image d'une humanité alternative qu'ils représentent.

 

Après la Trilogie des Elfes, vous êtes passé à complètement autre chose (la série sur Merlin, puis Les Reines Pourpres). Pourquoi revenir aux Elfes avec la « préquelle » de la Trilogie dont le premier tome, Lliane, vient de sortir ?

     Comme je l'ai dit, ces cycles ne sont pas « complètement autre chose », mais un prolongement de la même période, à travers d'autres façons de raconter l'histoire. La plus belle façon est de laisser libre cours à l'imaginaire. Voilà pourquoi je reviens aux elfes. En ce qui concerne le choix d'une préquelle, il me semblait plus intéressant de revenir au moment où cet univers commence à basculer, plutôt que de raconter comment il achève de s'effondrer.

 

 

Le Pas de Merlin et Brocéliande nous plongent dans les légendes de Bretagne. Cela a du demander beaucoup de documentation ?

     Pas mal, oui.

 

Dans cette « série » en 2 tomes, vous mêlez histoire et merveilleux. Vous ne pouvez pas vous passer d'une « touche » de magie ?

     En réalité, vous ne pouvez pas raconter fidèlement une histoire qui se passe au Moyen-âge sans y inclure du merveilleux, car les gens de l'époque vivaient dans un environnement qu'ils considéraient comme merveilleux, c'est à dire empli de miracles ou de diableries. Le merveilleux chrétien et le merveilleux païen cohabitent à l'époque, pour les détails les plus simples de a vie. Ecrire un roman trop rationnel ne serait donc pas fidèle à l'esprit de l'époque.

 

Pour le lecteur qui souhaiterait approfondir le sujet, avez-vous des ouvrages de référence concernant les Arthuriades et la mythologie celtique ?

     Je les renvoie à la bibliographie présente dans chacun de mes ouvrages. Elle représente parfois deux ou trois pages. Ce serait un peu long ici...

Les valeurs développées dans ces romans (chevalerie, honneur, etc) peuvent-elles encore s'appliquer dans le monde du XXIè siècle ?

     Qu'est-ce que vous en pensez ?... Il y a des valeurs individuelles, qui sont propres au genre humain, réparties différemment selon les individus : le courage, la loyauté, l'honnêteté, etc. Et puis il y a un comportement de masse et il est certain que notre comportement de masse s'est irrémédiablement dégradé dans le sens d'un individualisme forcené. Le « moi d'abord » remplace toute autre valeur.

 

Les Reines Pourpres (2 tomes également), est un roman historique « pur & dur ». Vous êtes par ailleurs diplômé d'histoire médiévale. Allez-vous revenir, après Les Chroniques des Elfes par exemple, aux Francs et aux prémices du Moyen-âge ?>

     Non. J'ai plutôt l'ambition d'écrire une série longue avec les Chroniques des elfes.

 

Quels sont vos projets à venir, d'ailleurs ?

     Je continue à publier avec Sandrine et Jean,-Baptiste Rabouan des livres illustrés pour enfants, dont « Les elfes d'Automne » en septembre, aux Editions Fetjaine. Développer ma propre maison d'édition est également assez prenant, par ailleurs..

 

Quels sont vos coups de cœur littéraires, musicaux et cinématographiques ?

     Je suis en train de lire les histoires du Capitaine Alatriste, d'Arturo Perez-Reverte au Seuil. J'attends d'aller voir le deuxième Narnia avec ma fille cadette et le dernier disque que j'ai acheté est Amy Winehouse. Ça remonte à quelques temps...>

Merci Jean-Louis Fetjaine, vous avez le mot de la fin.

     Ah bon ? Eh bien : fin

Nous remercions également Sybil pour sa participation à cette interview ;-)

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