Julie Ewa

 

 
 
Julie Ewa

 

 

 

Bonjour Julie Ewa, commençons par le petit rituel de la première interview sur Plume Libre. Pouvez-vous vous présenter ?
    Je suis une Alsacienne de 24 ans, originaire d’un petit village de 300 habitants. J’ai un parcours assez atypique. Je suis passée par la case « sportive de haut niveau » avant d’enchaîner avec cinq années de philosophie. J’ai touché du doigt le milieu journalistique puis je suis entrée en formation d’éducatrice spécialisée. Et à côté de tout ça, j’écris des livres…


Qu'est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans l'écriture de romans ?
    Ce n’était pas vraiment un choix, mais plutôt une évidence. Depuis que je suis gamine, je répète que je serai écrivain. Ce désir m’a toujours habité, et depuis que je suis au CP, je n’ai jamais cessé d’écrire.


Les petites filles - Julie EwaVous venez de publier Les petites filles aux éditions Albin Michel. Pouvez-vous nous présenter ce roman ?
    Il s’agit d’un polar, dont l’histoire a lieu en Chine.
La première intrigue se passe dans les années 90, dans un petit village au milieu des rizières. Sun, qui est la mère d’une petite fille de six ans, est sur le point d’accoucher d’un deuxième enfant. Elle sait qu’elle risque gros, car le pays est soumis à la politique de l’enfant unique, mais elle est prête à braver les interdits. Malheureusement, un soir, sa fille disparait. Sun se lance à sa recherche, aidée d’un moine bouddhiste.
20 ans plus tard, Lina, une étudiante française débarque en Chine pour un voyage d’études. A l’aéroport, un homme l’apostrophe : il s’appelle Thomas, travaille pour une ONG et lui demande de l’aide. Lina doit infiltrer le village de Sun, portée disparue, pour enquêter sur une affaire de disparitions d’enfants.


D’ailleurs, le titre de ce roman a-t-il été une évidence dès le départ ?
    Oui ! Le titre s’est imposé à moi avant même que je commence à écrire. J’avais l’idée de la trame et le titre.

Les bases de ce roman (naissance unique, infanticide, réseaux d’adoption clandestins …) sont vraies, quel a été le déclic qui vous a donné envie d’écrire sur ce sujet ?
    Les recherches que j’ai faites. D’abord sur internet, puis en visionnant des reportages et en lisant des témoignages. Plus je découvrais l’ampleur de ce qui se passait en Chine, plus je ressentais le besoin d’en parler. La vie de ses femmes chinoises, les souffrances qu’elles enduraient, le sort réservé aux fillettes, tout cela me prenait aux tripes.

La Chine projeté une image mystérieuse, on a un peu l’impression que vous vous attaquez à une montagne, pourquoi ce choix ?
    Justement parce que c’est une montagne. J’aime les défis. Je voulais attaquer de front une autre culture, avec des choses qui me paraissaient complètement incongrues ou incompréhensibles, et essayer d’y réfléchir, de comprendre. Voir comment on en est arrivé là.

Comment avez-vous travaillé ?
    Je commence toujours par rédiger un plan, et quand j’estime que ce plan est abouti et que je me sens prête à me lancer, je passe à l’écriture. Mais tout le long de ce processus, je fais des va-et-vient entre la recherche documentaire et la création proprement dite.


Le travail de la romancière a-t-il été compliqué pour relier les différents faits entre eux, développer la psychologie des différents protagonistes, etc… ?

    Oui et non. Disons qu’il faut toujours essayer de rester cohérent : faire en sorte que ce que l’on écrit s’inscrive dans la continuité des chapitres précédents, et que le tout paraisse plausible. Mais à mon avis, ce n’est qu’une question d’organisation. Le fait de suivre un plan m’aide beaucoup : je prends des notes au fur et à mesure sur les éléments importants. Quand ma tante relit et corrige le roman, elle est très attentive à ce qu’il n’y ait aucune contradiction. Car malgré ma rigueur, il y a toujours des détails qui passent à la trappe.


Vous avez intégré à votre roman des personnages attachants, que vous n’épargnez pas…, comme pour contrebalancer l’horreur qui s’y déroule. Était-il important à vos yeux de montrer que l’Homme peut aussi faire preuve de bonté ?
    Je pense qu’il y a en chaque personne des tendances altruistes et des tendances égoïstes. Il me semble que tous les hommes sont capables de bonté, comme ils sont tous capables de basculer dans la violence. J’essaie de créer des personnages qui reflètent cette ambivalence. Les plus attachants ont aussi une part d’ombre. Et je crois que les plus « méchants », si l’on creuse un peu, peuvent devenir attachants. Tout est une question de perspective.


La construction de votre roman multiplie les allers-retours dans le temps, des chapitres très courts …, n’avez-vous pas eu peur à un moment de déstabiliser ou de perdre le lecteur ?
    Le déstabiliser, peut-être. Le perdre, non. Il y a une alternance entre deux époques : l’année 1991 et l’année 2013. J’ai essayé de faire le lien entre les deux, avec des jeux de miroir et des contrastes. D’un chapitre à l’autre, on retrouve les mêmes lieux, les mêmes personnages, mais avec 23 ans d’écart. Cela entretient le suspens : pourquoi le moine bouddhiste, qui était si joyeux en 1991, est-il devenu un homme aigri et replié sur lui-même ?

 

Êtes-vous, vous-même, une lectrice ? Quels sont vos derniers coups de cœur et/ou vos livres de chevet ?
    Je ne suis pas une bonne lectrice de polar. Je lis plutôt de la philosophie, des essais ou des livres spirituels. Mon dernier coup de cœur : Yeruldelgger, de Ian Manook, qui est simplement incroyable.


Quels sont vos projets ?
    Terminer mes études d’éducatrice spécialisée, tout en écrivant mon prochain roman…


Merci beaucoup Julie Ewa, nous vous laissons le mot de la fin
    Bon voyage en Chine !



 Du même auteur : Biographie, chronique, interview



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