Agnès Martin-Lugand

 



Agnès Martin-Lugand


 

Bonjour Agnès Martin-Lugand, c’est l’heure du petit rituel de présentation… Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
    Que vous dire... J'ai 35 ans, je suis mariée et maman de deux garçons. J'ai eu la merveilleuse idée de me lancer un défi il y a presque 4 ans : écrire un roman. Depuis, j'ai attrapé cette belle maladie qu'est l'écriture. Cette maladie me nourrit, me fait palpiter, me fait vibrer. Et si je dois choisir une philosophie de vie, je ne vais pas être très originale, mais c'est Carpe Diem...


Comment passe-t-on de psychologue clinicienne au métier de romancière ?
En devenant maman... j'ai pris un congé parental lorsque j'ai eu mon fils aîné, et c'est durant cette période que j'ai commencé à écrire l'histoire des Gens. Je suis convaincue que la maternité m'a offert le courage et la niaque pour me lancer... Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir me consacrer pleinement à l'écriture. Les connaissances acquises en psychologie sont toujours là en moi, et je les utilise en construisant mes personnages, ce premier métier fait partie de moi. Malgré tout, je n'écris jamais en tant que psychologue. Ce qui m'intéresse, c'est de raconter des histoires, des tranches de vie. Chacun de mes personnages a ses blessures, ses fêlures que j'exploite dans la trame de mes histoires.


Votre roman Les gens heureux lisent et boivent du café a d’abord été proposé aux lecteurs en format numérique auto-édité. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
    Absolument pas ! Comment oser imaginer un truc pareil ! Je cherchais simplement à assumer le travail produit depuis près de 2 ans, et je souhaitais savoir si je pouvais avoir des lecteurs, savoir si j'avais raison de m'obstiner à écrire. L'auto-édition numérique pouvait me permettre ça, j'ai sauté le pas. Et j'ai bien fait;-)


Les gens heureux lisent et boivent du café - Agnès Martin-LugandAvant de décider de mettre en vente votre roman en vente numérique, aviez-vous proposé votre livre aux maisons d’édition ?
    Oui, je l'ai envoyé à 4 maisons d'édition. Deux m'ont répondu personnellement, reconnaissant des qualités à mon roman, sans pour autant me proposer de le retravailler accompagnée par eux... je l'ai retravaillé de mon côté et après je me suis tournée vers l'aventure de l'auto-édition.


Comment s’est passé le passage du numérique au format papier chez Michel Lafon ?
    Merveilleusement bien... j'ai vraiment le sentiment d'être « tombée » au bon endroit. Dès que nous avons signé le contrat d'édition des Gens, je me suis sentie en confiance, respectée, écoutée. Toute l'équipe a fait un travail formidable pour donner la plus belle vie possible aux Gens en librairie.



Comment est née l’histoire des Gens heureux lisent et boivent du café et d’où vous est venue l’idée de ce très beau titre ?

    En regardant la télévision ! Je regardais un reportage sur un petit village perdu sur la côte Anglaise, il m'a attirée sans que je sache pourquoi ; la gentillesse des habitants, les paysages, la paix qui semblait y régner... Je me suis demandé ce qui me ferait partir dans un endroit comme celui-là, j'ai tourné la tête, j'ai vu mon fils et mon mari, et j'ai su. Si je perdais ce qui m'est le plus cher, je partirais m'enterrer dans un lieu comme ça. Le titre, avant tout, c'est le nom du café littéraire de Diane, et il lui fallait un nom. Lire et boire du café sont deux choses qui me rendent heureuse, et lorsqu'on va dans un café littéraire, on a envie d'y être. Non ? Donc les Gens heureux lisent et boivent du café ! Sans oublier que ce café est un personnage secondaire du roman, que cet endroit fait partie de Diane, de son histoire, de qui elle est.


Pourquoi avoir décidé « d’exiler » Diane en Irlande ? Est-ce un pays qui vous tient particulièrement à cœur ?
    La première partie de ma réponse se trouve juste un peu plus haut ! Ensuite, l'Irlande est un pays qui m'a toujours fait fantasmer, certainement à cause de mes origines bretonnes... Pendant l'écriture du roman, j'y suis allée deux fois, j'y ai trouvé ce que je cherchais. Je suis littéralement tombée amoureuse de ce pays, il m'appelle et je sais qu'il pourrait devenir un port d'attache pour moi.


Sans trop en dévoiler, qu’est-ce qui a motivé vos choix concernant la fin assez surprenante de ce roman ?
    La nécessité du temps, de donner du temps au temps. Il est vrai que j'ai aussi souhaité me laisser la possibilité un jour ou l'autre de poursuivre cette histoire, de m'attarder plus longuement sur l'avenir de Diane.


Votre nouveau roman Entre mes mains le bonheur se faufile vient de sortir. Pouvez-vous nous le présenter ?
    Avec Entre mes mains..., nous rencontrons Iris, trentenaire, mariée, sans enfant, à un moment dans sa vie où elle n'a plus le choix, soit elle continue définitivement à s'éteindre, soit elle reprend sa vie en main. Son couple bat de l'aile, la routine du quotidien, un mari obsédé par son travail qui ne la regarde plus, et un travail où l'ennui la ronge. Iris a une passion dans sa vie : la couture. Ses parents ont ruiné ses ambitions. Au début de l'histoire, elle découvre à quel point ils lui ont volé sa vie. Iris va mettre un grand coup de pied dans son cadre bien rangé, et partir à la quête d'elle-même, prête à prendre tous les risques pour se trouver...


Vos deux héroïnes, Diane et Iris, semblent toutes deux très fragiles et pourtant les changements qui s’opèrent dans leur vie sont décisifs. Pensez-vous que pour avancer il faut toujours se remettre en question ?
    Oui, je crois que oui. Après, je pense que les remises en question ne sont pas toutes conscientes, elles peuvent nous saisir sans que l'on s'y attende ou qu'on les cherche. Mais je crois qu'il faut se battre et que chacun a le droit à un moment ou un autre de se remettre en question, de se demander ce qui ne va pas, ce qu'on pourrait changer. En ce qui concerne Diane, ce sont les accidents et les drames de la vie qui ont bouleversé son petit monde, ce qui ne l'empêche pas d'évoluer, et de grandir.



Comment est né le personnage de Marthe ?

    J'ai toujours souhaité qu'Iris ait un mentor. Iris a besoin qu'on la guide dans un premier temps avant de pouvoir voler de ses propres ailes. La personnalité énigmatique de Marthe s'est imposée à moi, sans que je m'y attende véritablement. J'avançais dans l'écriture, et Marthe est devenue ce qu'elle est sous mes yeux, sans que je puisse la contrôler.


La couture devient presque un personnage à part entière de votre second roman. Quel lien entretenez-vous avec elle ?
    Je suis une couturière du dimanche. La couture a toujours fait partie de mon quotidien, enfant et adolescente. J'ai beaucoup de souvenirs de ma mère et de ma grand-mère faisant des travaux de couture pour mes sœurs et moi. Mon grand-père, que je n'ai pas connu, était fourreur-créateur, ma mère a grandi dans un atelier... Mon lien avec la couture est filial et concret...


Agnès Martin-Lugand - Entre mes mains le bonheur se faufileVos deux romans mettent une scène une femme, pourriez-vous, un jour, envisager d’avoir un homme comme personnage principal ?
    Pas pour le moment, je ne m'en sens pas encore les capacités, ni même l'envie. Je préfère les observer, les mettre en scène avec mon regard de femme, et celui de mes héroïnes.


Comment s’est fait le choix des couvertures de vos romans ?
    Il faut que la couverture raconte une histoire à elle toute seule. J'ai une affection toute particulière pour les photos en noir et blanc. Chacune des photos de mes deux couvertures représentait parfaitement Diane et Iris dans la tranche de vie qu'elles allaient vivre.


Après le succès des gens heureux lisent et boivent du café, comment aborde-t-on l’écriture du second roman ?
    Avec pression ! J'ai appris à m'en détacher, j'ai coupé le cordon avec Diane. J'ai tenté de transformer cette pression que je m'imposais en quelque chose de positif, pour me pousser au bout de mes retranchements, pour travailler d'arrache-pied. Je ne voulais décevoir, ni mon entourage, ni mes lecteurs, ni ma maison d'édition. Et le moment magique est arrivé, où je faisais corps avec mes personnages, avec Iris, où je ne pensais qu'à mon écriture.


Quel regard portez-vous sur l'évolution de la blogosphère littéraire durant ces dernières années ?
    Ce que je constate surtout c'est leur importance, leur influence, ils sont écoutés. Leurs chroniques sont pointues, précises, détaillées. Les livres sont décortiqués. Bref, les blogueurs lisent les livres ! Je m'y intéresse particulièrement parce que ce sont des lecteurs, ils font ça, pour beaucoup, par passion de la lecture. Leur avis a toujours beaucoup de valeur.


Etes-vous vous-même une lectrice ? Quels sont vos derniers coups de cœur et/ou vos livres de chevet ?
    Je lis, moins qu'à une époque, il est vrai. Je viens de finir Complètement cramé. Dans ma PAL de l'été, il y a déjà : La blancheur qu'on croyait éternelle, La Patience du Diable et Petits arrangements avec nos cœurs... Quant à ceux que j'aime particulièrement, je n'en citerais que deux : Orgueils et Préjugés et Les contes de Grimm.


Quels sont vos projets ?
    Finir le scénario de mon prochain roman avant de partir en vacances et attaquer l'écriture pure à mon retour... j'ai déjà un quatrième en tête ! Voilà, que de beaux projets d'écriture en perspective... Quant au reste, continuer de profiter de la vie, la croquer, et me réjouir de chaque instant !


Merci beaucoup Agnès Martin-Lugand, nous vous laissons le mot de la fin.
    Merci à vous de m'avoir accueillie dans la Plume Libre. C'était un vrai plaisir. Merci aux lecteurs qui seront arrivés à bout de cette interview. Bel été et belles lectures !

 

 

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