David S. Khara




David S. Khara

 

 

Vous avez un parcours atypique : journaliste, sportif…. Qui êtes-vous David S. Khara ?
Je suis un homme pressé, angoissé par la mort qui pense que l’on est riche que de ses expériences et de ses rencontres. Alors forcément, je multiplie les deux. C’est là mon principal moteur dans l’existence. La scène finale d’Alexandre le Bienheureux d’Yves Robert (que je vénère) résume à elle seule ma philosophie quand Philippe Noiret part en disant à ses amis qui lui demandent ce qu’il va faire. Sa réponse est simple et magnifique : « Je vais voir ». J’essaye d’aller voir.


Que se cache derrière le « S » de votre nom ?
Khara est un pseudonyme adopté pour me distancier par rapport à la vie d’auteur. Le S est la première lettre du prénom de mon grand-père, Serge, parti depuis trop longtemps et à qui je dois beaucoup. C’était aussi une façon d’emmener toute ma famille dans cette aventure.


Le personnage de Morgenstern a un côté super héros, style X-men. Est-ce une référence volontaire ?
Les côtés super héros d’Eytan ne sont pas si volontaires qu’on pourrait le croire. Dans mon esprit, il n’en est pas un. C’est un homme courageux, opiniâtre, prêt à se sacrifier, ce qui en fait un héros. Mais le côté « super » n’est pas si évident. Physiquement, c’est un super athlète comme on en croise régulièrement dans les stades dans différents sports. Sa particularité la plus « fantastique », c’est son absence de vieillissement apparent. Pour autant, son espérance de vie n’est guère plus longue qu’un humain standard. Quant à ses capacités de combat, après soixante-dix ans d’entraînement, rien d’étonnant à ce qu’elles soient un supérieures à la norme.
Je me suis plus référé aux X-Men pour la série Thunder. Je collectionne les comics Marvel des années 60 et ce qui m’a toujours intéressé chez les X-Men, c’est qu’au-delà des pouvoirs, il s’agit surtout d’une série sur la différence. Singer l’a parfaitement compris et mis en image dans le premier film.


Vos romans sont très documentés dans le domaine historique. Comment élaborez-vous vos recherches lors de la genèse d’un roman ?
Le travail se fait sous la forme d’un aller-retour. Je commence par visionner des centaines d’heures de documentaires, à lire des essais, études et documents. J’en tire un thème à traiter, puis je conçois mon scénario. Ensuite, je reviens à la documentation pour étayer le propos, le vulgariser autant que possible en essayant de ne pas l’appauvrir. Enfin, chaque jour avant d’écrire, je me plonge dans les témoignages de protagonistes des événements traités pour m’imprégner de leur état d’esprit. En résumé, c’est plus un travail d’immersion que de simple documentation.


La Bretagne est un beau réservoir d’auteurs de thrillers (Frédéric Rapilly, Hervé Commère, vous même, etc…) : quel est le secret de cette région ?
Question piège à laquelle mes camarades auront chacun leur propre réponse. Je ne parlerai donc que pour moi pour ne pas m’attirer leur foudre. La Bretagne est une région accueillante où il fait bon vivre. J’ai besoin de quiétude pour écrire des aventures agitées, et je la trouve ici plus qu’ailleurs. Après, on pourrait aussi parler du tissu culturel et universitaire, forcément propice à l’éclosion des vocations.


De quoi êtes-vous le plus fier dans l’aventure que vous vivez depuis la sortie du Projet Bleiberg ?
Aussi étonnant que cela vous semble, je n’éprouve pas de fierté. Je n’ai jamais envisagé ce succès et n’en comprends ni les tenants ni les aboutissants. J’avance, j’écris, point barre. je n’ai pas pris le temps de m’arrêter pour observer ce qui a été accompli. Je suis heureux de voir la trilogie chez 10-18, c’est un fait, ravi d’avoir pu rencontrer autant de personnes de valeur grâce à cette aventure, mais la fierté n’est pas mon fort. A la limite, si je suis fier d’une chose, c’est que mes proches, eux, sont fiers de moi. Là est le principal accomplissement.


Un mot sur les Editions Critic qui, après vous, édite des auteurs comme Frédéric Rapilly, Antoine Tracqui.….
L’équipe Critic donne sa chance à de nouveaux auteurs, en choisissant les titres par passion et goût du livre, avec honnêteté. Fred et Antoine ont eu de beaux succès, et je pense que c’est loin d’être terminé. En tout cas, l’aventure Critic démontre qu’il existe encore de belles histoires à écrire dans un secteur pourtant en difficulté.


Votre roman, Les Vestiges de l’aube, vient d’être adapté en Bande Dessinée (le premier tome est sorti le 14 mars), comment est née cette aventure ?
Elle est née avant même qu’il ne soit question d’éditer le roman. J’ai rencontré Serge le Tendre par hasard à Rennes, sans savoir qui il était alors que j’étais un fan absolu de la Quête de l’Oiseau du Temps. C’est d’ailleurs en grande partie l’œuvre de Serge qui m’a donné l’envie d’écrire. Il a été le premier à lire le manuscrit original et à ma grande surprise l’a trouvé à son goût. L’idée de la BD est née à ce moment là. Le succès de Bleiberg et la réédition d’une nouvelle version du roman chez Michel Lafon (avec la bénédiction de Rivière Blanche qui avait publié la première) a rendu la chose possible et, aujourd’hui, nous y sommes. Je suis ému à chaque fois que je le regarde… Quant à Serge, c’est devenu un ami proche.


Retrouverons-nous les personnages dans un nouveau roman ?
Vous les retrouverez en effet. Le premier roman sortira en poche chez 10-18 en novembre. Je viens de terminer le deuxième tome de leurs aventures. Il paraîtra également en novembre chez Fleuve éditions.


Vous écrivez aussi pour la jeunesse avec une nouvelle série : Thunder. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
J’avais en tête d’écrire pour la jeunesse depuis un petit moment. Alors quand les éditions Rageot m’ont contacté à ce sujet, j’ai démarré au quart de tour. La série Thunder se situe dans le même univers que la trilogie des « Projets ». Les héros sont des adolescents un peu allumés qui vont se retrouver embarqué dans les soubresauts de la grande histoire. Si je devais résumer l’esprit de la série, je dirais qu’il s’agit d’un croisement entre les X-Men (justement) et Harry Potter. Ce qui est formidable avec le jeune public, c’est la franchise de ses retours. Ils ne projettent rien, n’envisagent rien. Ils accrochent, ou ils n’accrochent pas. C’est franc et ça me plaît.


Vous avez récemment intégré la Ligue de l’Imaginaire. Pourquoi avoir rejoint ce groupe et comment s’est déroulée votre intronisation ?
Je préfère éluder les conditions de l’intronisation pour éviter de faire fuir les futurs arrivants (rires) !
Non, plus sérieusement, j’ai été accueilli avec beaucoup de gentillesse par des auteurs qui sont avant tout des gens formidables. Au fil des salons, des tables rondes, des liens se sont noués entre nous. Nous partageons des références culturelles et sommes tous animés par le désir de valoriser les littératures dites de l’imaginaire, segmentation que je m’explique encore mal tant l’imaginaire est absolument partout. Nous menons des actions variées, tant dans certains salons, que dans des librairies, nous organisons un prix littéraire pour lequel les jurés sont nos propres lecteurs et chaque premier mercredi du moins l’un ou l’une d’entre nous accueille un invité lors de rencontres ouvertes gratuitement au public. Nous avons ainsi reçu Cédric Klapisch, Stéphane Bourgoin, Johan Sfar ou Jean-Pierre Jeunet pour ne citer qu’eux. Ce sont des moments passionnants et les partager est une de nos raisons d’être.


Vos romans sont traduits dans plusieurs langues, quel effet cela vous fait-il ?
Comme absolument tout ce qui m’est arrivé depuis quatre ans : je ne comprends pas et je m’en étonne chaque jour. Savoir que l’on est lu en Corée, aux US, aux Pays-Bas, au Canada et même en Afrique du Sud ou en Australie, c’est forcément flatteur, et ce d’autant plus que je reçois des messages de lecteurs vivants à l’autre bout du monde.
Bon allez, je l’admets, là, je suis un petit peu fier !


David S. Khara Le Projet Morgenstern


Présentez-nous le dernier volet de votre trilogie : « le projet Morgenstern »
L’histoire se partage entre deux époques, qui, pour une fois, ne constitue pas une seule et même intrigue, mais bien deux distinctes. Dans le passé, nous suivons Eytan après son évasion du camp dans lequel il a subi les expériences du professeur Bleiberg et sa formation au sein d’un groupe de résistants polonais. Dans le présent, il va se trouver confronter à un complot visant à l’équipement de soldats avec des prothèses de nouvelle génération. Et quoi qu’en disent certains, les technologies présentées dans le romans sont bien réelles.
Ce troisième volet en beaucoup plus sur l’homme qu’est Eytan, sa construction, sa nature réelle. Il clôt la trilogie et révèle son véritable thème : la résistance face à l’oppression comme face à nos propres aliénations.


Reverra-t-on un jour Ethan Morgenstern ? Un personnage comme lui ne peut pas partir définitivement (hein vous n’allez pas nous faire ça ???)
Désolé de vous corriger, mais je préfère le faire avant que lui ne s’en charge, c’est Eytan et non Ethan. Il ne s’agit pas du même prénom.
Alors, oui, vous reverrez Eytan et pour commencer, pas forcément sous ma plume, mais je ne vous en dis pas plus, je vous réserve la surprise.
Ensuite, il est possible qu’il ait un lien avec la série Thunder, mais là encore, motus et bouche cousue. Quant à un retour éventuel dans un roman propre, je n’ai encore rien décidé. A moins que je n’ai déjà décidé, mais que je préfère vous promener un peu (rires) !


Seriez-vous intéressé par une adaptation cinématographique de la trilogie et si oui participeriez-vous au scénario (écriture, conseil..) ?
Il y a eu une adaptation lancée, mais qui s’est arrêtée peu de temps après les soumissions de scénario pour des raisons budgétaires. Pour l’instant, le film en est au point mort. Sinon, je n’avais évidemment rien contre même si, là encore, je n’en rêvais pas en l’écrivant. Je ne souhaitais pas écrire moi-même l’adaptation, à la fois pour des problèmes d’emploi du temps, et aussi pour laisser un vrai professionnel s’en charger. Certains y sont réfractaires, mais en ce qui me concerne, voir mes personnages évoluer sous la plus de quelqu’un d’autre me fascine.


Quels sont vos projets actuels ?
Je travaille actuellement sur le deuxième tome de Thunder qui paraîtra en octobre. Ensuite, je m’accorderai une longue période de vacances car je n’ai pas arrêté un seul instant depuis quatre ans. Pour l’instant, mon horizon s’arrête à la remise de Thunder 2. Si j’essaye de regarder plus loin, mon cerveau risque de se liquéfier…


Quel lecteur sommeille en vous ? Quels sont vos derniers coups de cœur ?
Je n’ai lu aucune fiction depuis un long moment pour la simple et bonne raison que je n’ai quasiment pas cessé de travailler depuis quatre ans. Mes lectures sont toutes axées sur mes besoins documentaires. Je compte bien m’y remettre cet été.
Mon dernier grand coup de cœur, et vous allez voir que ça date, n’était autre que « Un dernier verre avant la guerre » de Dennis Lehane.


Pour finir, nous vous laissons le mot de la fin.
Merci de m’avoir consacré un peu de votre temps. J’espère ne pas l’avoir trop gaspillé.



 Du même auteur Biographie, chronique, interview

 

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