François-Xavier Dillard

 
 
 
 






Interview de François-Xavier Dillard
 

Bonjour François-Xavier Dillard, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis notre dernière interview (février 2012) ?
    Plein de choses ! Je suis Tourangeau désormais ce qui, pour un parisien pure souche, est l’équivalent d’une « expatriation »… Mais j’apprends à apprécier cette très jolie ville et je découvre avec joie que les tourangeaux sont de véritables épicuriens ! D’autre part, les nombreux et magnifiques châteaux de la Loire font le bonheur de mes filles, Agathe et Castille, qui ne quittent plus leurs habits de princesse. Et puis, un petit prince du nom de Gaspard est venu rééquilibrer une cellule familiale qui tournait furieusement au gynécée. Sinon, je suis maintenant directeur de la communication pour un grand fournisseur d’électricité dont le nom commence par E et finit par F –avec une seule lettre au milieu. J’en parle d’autant plus volontiers que je tiens à souligner que c’est un employeur qui voit d’un très bon œil qu’un de ses salariés poursuive en parallèle une carrière d’auteur. Ce qui n’est pas toujours le cas si j’en crois mes amis écrivains qui ont aussi, et ils sont nombreux, une activité salariée! Voilà pour la partie « privée » de l’auteur. J’en profite aussi pour remercier mon épouse qui doit gérer cette nouvelle vie tout en me laissant le temps d’écrire : Clarisse tu es géniale !


Fais-le pour maman - François-Xavier DillardVotre nouveau roman Fais-le pour Maman vient de sortir (éditions Fleuve Noir) pouvez-vous nous le présenter ?      L’histoire de ce livre est, je le crois, très intéressante (bon après ça j’ai intérêt à assurer la suite…). Elle part d’un fait divers épouvantable qui m’avait particulièrement frappé il y a quelques années. J’y ai pensé très souvent par la suite et puis j’ai décidé d’en faire un roman. L’intérêt pour moi était non pas de décrire l’acte fondateur même si je l’évoque dans mon livre. J'avais surtout très envie d’imaginer ce que pouvaient devenir les acteurs d’un tel drame. Comment doit-on, comment peut-on vivre avec de tels fardeaux. Quand une mère demande à son enfant de s’accuser du pire des crimes, quel adulte peut-il devenir ? Quand une femme s’aperçoit qu’elle a épousé un monstre quels choix s’offrent à elle ? Quand deux adultes qui portent des histoires tellement lourdes qu’elles peuvent les faire chavirer à chaque instant se rencontrent, comment peuvent-ils se soutenir ? Autant de questions qui m’ont fasciné et ont guidé mon écriture. Ce qu’il y a de plus surprenant dans ce livre –entre autres- c’est qu’au départ je souhaitais vraiment en faire un exercice de style, écrire un thriller, un vrai, avec tous ces codes, ces schémas directeurs…Bref, un bel objet, maîtrisé, calibré. Et puis, au fur et à mesure de l’écriture je me suis fait prendre à mon propre piège, mes personnages et leurs folies m’ont entraîné bien plus loin que ce que je pouvais imaginer. Cela m’a permis, je crois de « sortir du cadre » et de conserver une certaine forme d'originalité ! Enfin ça ce sont les lecteurs qui me le diront.


Vos personnages sont tous un peu (beaucoup) amochés par la vie, comment donne-t-on vie à une telle galerie ?
    On regarde autour de soi, on lit les journaux, on suit l’actualité… La vie offre son lot de parcours torturés, d’épreuves qui peuvent vous perdre et vous changer à jamais. Après, il faut juste rendre ses personnages crédibles, quand bien même leurs histoires sont incroyables. Incroyablement tristes, dangereuses, difficiles, épouvantables…. Rendre cette réalité crédible, la faire partager à ses lecteurs c’est cela qui rend l’entreprise d’écriture aussi riche, aussi passionnante. Je crois qu’un livre peut vous emmener au cœur du désespoir et de la folie de l’autre, bien plus que ne peut le faire un article dans un journal ou le reportage d’un JT.


Comme dans votre précédent roman (Un vrai jeu d’enfant), le passé et les actes de vos personnages sont au cœur de l’intrigue, comment fait-on pour maîtriser tous les éléments d’une histoire aussi complexe ?
    On n'est heureusement pas seul pour maîtriser la cohérence d’une histoire chorale qui voyage dans le temps. Les correcteurs, que je tiens à remercier chaleureusement, ont fait un travail formidable, soulignant les risques d’incompréhension, les incohérences qui pouvaient apparaître au fur et à mesure de la complexification de l’histoire. Mon éditrice, Céline Thoulouze a par ailleurs piloté la cohérence d’ensemble avec son habileté habituelle. Elle m’a aussi proposé de faire vivre au lecteur une partie de l’histoire à travers les yeux d’une jeune fille Léa. Cela a été sans doute la meilleure idée que l’on ait pu apporter à ce roman, celle qui l’a fait passer d’un « simple » manuscrit à un thriller, je crois, vraiment abouti.


En commençant l’écriture d’un roman, avez-vous déjà en tête les différents rebondissements, y compris la fin, ou vous laissez-vous porter par l’écriture au fur et à mesure ?
    La difficulté pour un second ouvrage c’est que vous devez soumettre et « vendre » votre histoire avant de l’écrire. Une difficulté qui n’existe pas avec un premier roman puisque vous envoyez un manuscrit terminé. Là, il faut travailler le pitch, proposer une fin, des péripéties… Bref, convaincre votre éditeur que vous tenez une histoire formidable et déjà totalement aboutie ! Bien sûr, tout cela est une vue de l’esprit, vous le savez et votre éditeur aussi. Fort heureusement, l’histoire évolue tout au long de l’écriture, les personnages prennent vie, gagnent en libre-arbitre, en autonomie. Et puis Céline m’a motivé pour enrichir toujours le récit, proposer des fausses pistes aux lecteurs, offrir des rebondissements. Pour tout vous dire –je suis là pour ça non ?- un des coups de théâtre majeurs de mon livre je l’ai trouvé dans les ultimes réécritures du manuscrit. Je me suis isolé pendant une semaine, écrivant dix heures par jour et là, à un moment, je me suis dit « bon sang mais c’est bien sûr, c’est parfaitement horrible donc il faut l’écrire ». Ha et puis j’ai aussi ajouté une histoire de perroquet muet vengeant ainsi les pigeons bavards que l’odieuse censure du Fleuve (Céline n’aime vraiment pas les oiseaux) avait fait disparaître de mon premier livre, Un vrai jeu d’enfant(Pour les lecteurs qui ne comprendraient rien à ce passage, c’est normal, se reporter à l’itw de Céline Thoulouze)


Quel regard portez-vous sur la blogosphère littéraire ?
    Un regard plein de bienveillance et d’admiration. Bienveillance parce que les blogs littéraires vous offrent un retour immédiat sur votre travail et que, lorsque ce retour est bon, comme il l’est pour Fais-le pour maman, cela vous soulage un peu de l’angoisse de la sortie. Admiration parce que les bloggeurs réalisent un travail hyper professionnel, lisent des tonnes de livres avec un sérieux et une exigence incroyable tout en gardant une spontanéité que n’ont parfois plus les journalistes.


Quels sont vos projets ?
     J’ai beaucoup de projet mais le plus abouti est un roman d’anticipation que je vais, grande première pour moi, co-écrire avec une de mes amies. C’est une histoire forte autour de la grande crue centennale à Paris, autour de meurtres étranges, de trafics d’ouvres d’arts, d’intrigues politiques… je ne vous en dit pas plus mais je peux vous assurer que l’identité et le talent de ce co-auteur donnera à ce roman un incroyable réalisme.


Merci beaucoup François-Xavier Dillard, nous vous laissons le mot de la fin.
    Merci à vous, Cher Plume libre, vous qui me suivez depuis le début de mes aventures littéraires et dont les équipes ont toujours le souci d’impliquer les auteurs et d’offrir au lecteur un choix de qualité (enfin j’espère que ce sera toujours le cas pour mon livre ). Ha oui j’oubliais, Delphine, tu es vraiment formidable !

 

 

 

Go to top