Jérôme Delafosse







Février 2006

 



Bonjour Jérôme Delafosse, pourriez-vous en quelques mots nousdire qui vous êtes?
Je suis un grand reporter, auteur de reportages photographiques et de documentaires d'aventures. J'ai beaucoup voyagé autour du monde, travaillé sur des thèmes très différents des unités de forces spéciales françaises, à la bioluminescence produite par les animaux des grandes profondeurs marines en passant par les vestiges du palais englouti de Cléopâtre en Égypte, les abeilles tueuses au Brésil ou les Pharaons noirs du Soudan.
J'ai également exercé la profession de scaphandrier professionnel qui m'a permis de vivre des expériences très différentes, des travaux sous-marins aux fouilles archéologiques sous-marines.

 

Plongeur professionnel, Grand Reporter d'où vous est venue cette envie de passer à l'écriture?
Les histoires. En tant que reporter-photographe et réalisateur de documentaires, le rôle de l'image est  de toute évidence primordial, pourtant  je me suis  avant tout attaché aux histoires que je désirais raconter. Lorsque j'étais photographe, j'ai d'abord travaillé avec des journalistes, puis peu à peu je me suis mis à écrire les textes de mes reportages avec à chaque fois le souci de faire vivre au lecteur cette aventure de l'intérieur, de l'emmener avec moi. Au fil de mes voyages, de mes rencontres, l'histoire du Cercle de Sang a germé dans ma tête. J'ai décidé de me relever les manches et de la raconter, de lui donner la forme d'un roman.


Comment s'est passé pour vous ce travail d'écriture ? Ou avez-vous puisé votre inspiration?
C'est un travail solitaire, long, difficile qui demande beaucoup de rigueur et d'objectivité. J'ai été  soutenu toujours par mes proches. Ça peut sembler banal, mais c'est très important surtout dans les moments de doute et je tiens à leur rendre hommage.

Pour l'écriture à proprement parler, j'ai puisé dans mon expérience, ma mémoire visuelle et sensorielle très développée m'a également beaucoup aidé à décrire les lieux, les atmosphères. En fermant les yeux j'arrive à me replacer dans les lieux que j'ai visité, me souvenir des parfums, des couleurs, de la chaleur, des moindres détails... Une fois les grandes lignes de mon intrigue tracées, les péripéties de mon héros Nathan se sont mis en place naturellement. J'ai essayé de me mettre dans sa peau, d'imaginer à travers mon expérience du terrain, comment j'aurais réagi dans sa situation. Je dois également beaucoup à mes « conseillers » virologues, glaciologues, avocats, pilotes d'hélicoptère, certains membres des unités des forces spéciales même avec qui j'ai travaillé et qui m'ont aidé à régler les scènes d'action, m'ont permis de me familiariser avec leur mode de pensée particulier à la fois de grands professionnels et de prédateurs, le matériel spécifique utilisé par mes personnages: armes, jumelles de vision nocturne, techniques de combat, etc....


Lorsqu'on lit votre roman, on ne peut s'empêcher de penser à deux romans de JC Grangé: Le vol des cigognes pour la course à travers le globe, et l'Empire des loups avec la perte d'identité. La comparaison pourrait continuer. Notamment, avec votre style accrocheur et rythmé.
Après notre lecture, nous avons visité votre site et y avons découvert que vous aviez fait des reportages avec lui. Votre aîné vous a t'il conseillé? Ou du moins donné avis?

J'ai eu la chance de rencontrer JC Grangé dans ma vie de reporter, j'avais depuis longtemps l'envie d'écrire, il m'a vivement encouragé à le faire. Concernant le parallèle que vous dressez avec son oeuvre, je ne nie pas une certaine influence, mais nous avons avant tout des centres d'intérêt, des sources communes. Au-delà de ça Jean Christophe Grangé m'a surtout conseillé de m'inspirer de ce que je connaissais.  C'est-à-dire de mon vécu, celui d'un reporter d'aventures qui a passé dix années à voyager à travers le monde. J'ai découvert des continents fous, rencontré des hommes et des femmes au destin particulier, j'ai côtoyé la violence aussi, physique et psychologique. J'ai également utilisé la ville de Saint Malo au XVIIe S (dont je suis originaire).  Ces éléments m'ont profondément marqué  et m'ont inspiré très naturellement l'univers du Cercle de Sang. Un univers qui me ressemble avant tout.

 

[Spoiler possible] Par rapport au roman proprement dit. Le Cercle de sang est votre premier roman.
Une course contre la montre qui nous fait voyager à travers le globe. En ce domaine, nous traversons des paysages très réalistes qui donnent envie d'aller les admirer soi-même. Justement, avez-vous visité ces lieux?

Votre roman est-il à ce titre le fruit de longues recherches?
Alexandrie, le Soudan, l'Afrique des Grands Lacs, etc... J'ai visité la plupart des lieux que j'évoque dans mon roman ou des endroits très proches. En outre tous les personnages secondaires que l'on retrouve au fil du récit sont inspirés de personnages bien réels comme le Capitaine Hermès et le Père Spriet à Goma, ou même les  personnages du Professeur Derenne et de Rhoda, une jeune Israélienne d'origine yéménite que j'ai bien connu.

 

[Spoiler possible]
Le cercle de sang est une secte pluriséculaire qui punit ceux qui lui semblent aller contre ses objectifs. Face à cette secte, il y a un homme qui ne comprend pas grand chose à ce qui lui arrive. Je précise bien évidemment qu'il s'agit d'un résumé linéaire.
Pourquoi avoir choisi ce thème de la secte tueuse alors qu'il a déjà été traité sous de nombreuses formes? Etait-ce pour vous surtout le moyen d'écrire un road-book haletant?

J'ai effectivement voulu traiter de cette organisation secrète pour accentuer la tension du héros face à un ennemi sans visage et insaisissable.  Mais ce qui m'a le plus influencé  dans ce choix était de pouvoir traiter du thème des apparences. Ceux qui ont lu le livre le comprendront, mais je voulais aborder des questions d'actualité comme le bio-terrorisme, les « guerres de religion », le bien et le mal... à contre-pied,  montrer que le monde que les médias nous imposent aujourd'hui, peut cacher des réalités bien différentes et assez terrifiantes. Tout réside également dans la forme, j'ai voulu, à l'inverse de la plupart des livres de ce genre qui montrent dès le départ le visage de l'ennemi, entretenir un mystère qui dure jusqu'au dénouement.

 

[spoiler posible]De plus, à travers les pérégrinations du héros, on se retrouve plongé en plein débat biologique. L'arme de demain est l'arme bactériologique. Vous allez plus loin en parlant plus directement de la menace que constituent les scientifiques employés par les Etats de l'ex-URSS.En effet, malgré tous les défauts qu'on peut lui rapporter, l'ex-grande puissance russe était un pays au plus haut niveau dans le domaine de la recherche scientifique. Puis du jour au lendemain, plus rien.
Alors, véritable menace ou pas? Ou juste un apparat pour le bien du roman?

Je tiens sans doute cette manie de mon métier de journaliste, mais j'ai voulu que tous les détails de mon livre soient bien réels. J'ai donc, tout au long de la construction de mon histoire, réalisé un travail de documentation très méticuleux pour chaque thème traité. Pour ce qui concerne la partie consacrée au bio terrorisme, j'ai travaillé avec deux virologues du service de santé des armées, j'ai également lu le livre « la guerre des germes » de Ken Alibek transfuge soviétique et ancien numéro 2 de Biopreparat, (programme soviétique de recherche pour la guerre bactériologique  qui utilisait des dizaines de milliers de scientifiques disséminés dans tout le pays). Même si selon mes sources Mr Alibek en dit certainement plus qu'il n'en a fait, il affirme avoir travaillé à la création chimères associant la virulence des virus Ebola et Variole. Une perspective assez terrifiante.

Pour conclure sur cette question, tout ce qui est écrit dans mon roman est techniquement réalisable. En revanche, j'ignore si des esprits mal intentionnés travaillent à une telle forme de terrorisme.

 

Le passage du premier au second roman est souvent difficile parce que très attendu. Alors que le vôtre vient de sortir il y a un peu plus d'un mois, pensez-vous déjà au prochain? Pouvez-vous nous en parler un peu?
Je travaille à l'écriture de mon prochain roman, on y trouvera encore plus d'aventures extraordinaires, j'y aborderai des thèmes qui me sont propres comme l'archéologie, les profondeurs marines... en bref il se situera entre le « Silence des Agneaux » et « Indiana Jones ».

 

Finalement, les échos sur le Cercle de sang sont plutôt positifs. Avez-vous des premiers échos par rapport au nombre de vente ?
Concernant les ventes, je dirai qu'elles se portent bien. Les droits du livre ont déjà été vendus dans dix pays (notamment l'Allemagne, l'Italie, L'Espagne, le Japon, la Corée...) en poche également. Pour les ventes en France, il est encore tôt pour savoir, mais le démarrage est prometteur.

 

Votre derniers coups de cœur littéraires (tant au niveau roman que BD)?
Au risque de vous décevoir, je lis assez peu de Thrillers mais dans les derniers que j'ai aimés : Alex barclay, Darkhouse. J'ai aussi lu la trilogie Berlinoise de Philipp Kerr, très bon. Je suis aussi un grand fan de Fatherland de Robert Harris. Je connais aussi mes classiques (Ellroy, John le Carré, etc...) mais ça vous n'avez pas besoin de moi pour les découvrir. Je lis beaucoup de livres plus « littéraires » : l'Attentat de Yasmina Khadra,  Ravel de Jean Echenoz. Pour la bande dessinée j'aime beaucoup La goule de Christophe Merlin, moins pour l'histoire que pour les grands planches magnifiques qu'il peint (Merlin fait également de magnifiques carnets de voyages). J'aime aussi beaucoup les livres jeunesse : Ma femme Irina Karlukovska (un costume pour monsieur Loyal) et mes copains Fred Bernard et François Rocca ( Jesus Betz, l'Indien de la Tour Effeil, Cheval Têtu) Fred Bernard écrit également des BD « les aventures de Jeanne Picquigny » au Seuil ( l'ivresse du poulpe, les larmes du crocodile). Bonne lecture à tous!




 

Go to top