Le héros, Joshua Brolin, est vraiment le pivot central de cette trilogie. On assiste à une véritable évolution du personnage au travers de ces trois volumes. Dans le 1er tome, il est jeune et veut faire son travail par dessus tout, dans le second, nous retrouvons un Brolin diminué psychologiquement : il ne sait plus trop quoi faire de sa vie, il continue ses enquêtes parce que c'est la seule chose qui le maintienne encore debout. Enfin dans le dernier tome, il reprend espoir en l'existence. Nous assistons vraiment à un parcours initiatique personnel à travers la trilogie.
Joshua est donc le seul véritable lien entre ces trois romans. Un conseil: lisez-les dans l'ordre pour suivre l'évolution personnelle du héros, mais ne vous attendez pas à une suite dans les enquêtes qui sont quant à elles totalement indépendantes les unes des autres.
Ensuite, tentez une relecture des trois tomes d'un coup (Ce qui a été fait pour ce dossier), vous verrez alors l'évolution flagrante de l'auteur et de son personnage fétiche. Vous ne pourrez qu'être impressionné de la façon dont l'auteur maîtrise son sujet.
L'âme du mal
Joshua Brolin a 31 ans.
Premier tome de la trilogie du mal.
Abandonnés au fond de la forêt ou de hangars vétustes, des cadavres comme on n'en a jamais vu, mutilés de façon rituelle, porteurs de messages cabalistiques semblables à ceux que laissait derrière lui le bourreau de Portland, avant qu'une balle dans la tête ne vienne à bout de sa carrière... Le tueur serait-il revenu d'outre-tombe ? S'agit-il d'une secte particulière qui prélève toujours les mêmes morceaux du corps de ses victimes pour d'étranges cérémonies ? Des bibliothèques ésotériques aux égouts de la ville, l'inspecteur Brolin et une jeune étudiante en psychologie plongent dans une enquête infernale, tandis que la police scientifique et la médecine légale se perdent en conjectures. Et peu à peu, des brumes mystérieuses de la Willamette River va surgir un secret effroyable que nos deux limiers devront affronter au péril de leur âme.
Avec ce premier roman, on assiste à une naissance, celle du style de l'auteur. Il possède une certaine originalité et a une vision très cinématographique (ces caractéristiques seront enore plus flagrantes avec les autres romans). Certains paragraphes sont ici encore un peu long et coupent le rythme. Cependant, alors que certains thrillers peuvent paraître comme un cours technique de la police scientifique avec des passages ennuyeux voire barbants, Maxime Chattam nous scotche littéralement avec ses connaissances en Criminologie. Même si par moments les détails sont un peu longs, l'auteur a évité l'obstacle en créant un personnage permettant la plupart du temps une explication des techniques par le dialogue et non par une tirade narrative. Ce personnage est Bentley Cortland, futur Attorney.
Le pari est donc réussi avec ce roman.
Parution éditions Michel Lafon 2002.
Dernière parution, édition Pocket 2014
In Tenebris
Joshua Brolin a 35 ans.Second volume de la trilogie du mal.
New York, hiver 2002 : on a retrouvé une femme atrocement scalpée. Détective de Brooklyn, Annabel O’Donnel enquête - la victime a été droguée à l’Ativan, un somnifère - et obtient l’adresse de Lynch, un grand acheteur d’Ativan qu’elle surprend chez lui à réaliser des perruques avec des scalps humains ! Lynch abattu, Annabel découvre des cadavres putréfiés et les photos de personnes disparues. Tandis que sur le mur, des lettres de sang glorifient Caliban, Annabel retrouve un texte énigmatique et reçoit l’aide de Joshua Brolin, un profileur : selon lui, Lynch n’agissait pas seul... Annabel et Brolin apprennent que Lynch a fréquenté un négociant en viande, Shapiro chez lequel ils découvrent le cadavre d’une suppliciée et l’adresse du « Temple de Caliban » : Caliban serait l’anagramme de Canibal. Annabel déchiffre les indices recueillis chez Lynch et se rend dans le New Jersey, une région minière où elle découvre un wagon abandonné… bourré de squelettes. Au « Temple de Caliban », un hangar désaffecté, Brolin retrouve un papier mentionnant une « Cour des miracles » où officierait Malicia Bents, anagramme de Caliban it’s me. Cette « Cour des miracles » désigne les souterrains de la ville : Brolin y rencontre une étrange mafia qui dit pouvoir obtenir de la viande humaine grâce à Malicia Bents, un officier de police... Constatant qu’Annabel s’est rendue chez le shérif de la région où est basée l’organisation, Brolin n’aura que le temps de lui éviter de finir en méchoui…
Pour bon nombre des lecteurs de la trilogie, 'In tenebris" est leur préféré. L'ambiance fantastique est présente à chaque page, le style de l'auteur s'affine et se confirme ici. Des paragraphes courts, des descriptions très cinématographiques et une imagination des plus terrifiantes car proche de notre réalité ! De plus, on sent très bien que l'auteur se sent en confiance. Un exemple flagrant : Brolin est censé être le héros de la saga et il n'apparaît qu'après 100 pages de lecture.
Parution éditions Michel Lafon 2002.
Dernière parution, édition Pocket 2014
Maléfices
Joshua Brolin a 35 ans.
Le dernier volume de la trilogie
À Portland, Oregon, plus aucun habitant de la ville ne se couche sans avoir inspecté au préalable son lit : depuis quelques semaines, un tueur en série s'immisce dans le domicile de ses futures victimes et y introduit des espèces d'araignées parmi les plus dangereuses au monde. Dans le même temps, des cadavres de femmes momifiés et emprisonnés dans des toiles d'araignée géantes sont découvertes dans les forêts alentour. Les victimes sont vidées de leurs organes, comme aspirées. Les rumeurs les plus folles se propagent. Annabel O'Donnell, la détective new yorkaise, et Joshua Brolin, le célèbre profiler, rejoignent l'enquête aux côtés du FBI. Quel est ce monstre que l'on surnomme Arachné et dont les empreintes digitales sont celles des personnes disparues ? Comment fait-il pour s'introduire chez ses victimes sans jamais être vu, sans effraction, et pour enlever ses victimes à la barbe des familles endormies ? Très vite, la rumeur enfle dans tout Portland : et si Arachné n'était pas humain ?
Ce 3ème tome voit le retour de Joshua Brolin à Portland où il reprend son travail dans la police de façon officieuse. On retrouve avec beaucoup de plaisir la grande majorité des personnages créés dans L'âme du mal ainsi qu'Annabel O'Donnel découverte dans In Tenebris. Une très bonne conclusion de la trilogie.
Parution éditions Michel Lafon 2004.
Dernière parution, édition Pocket 2014
Frise des événements
1980 Enlèvement du petit Josh Phillips, dans un centre commercial de la banlieue de Miami.
Suite à cette affaire, Joshua Brolin voyage à travers le monde pendant trois ans. Il revient démissionnaire de la police, et détective privé spécialisé dans les disparitions.
Est-ce la fin?...
Joshua Brolin fait partie de ces personnages auxquels on s'attache, et que l'on aimerait revoir. Et pourtant, l'auteur est catégorique: il ne reviendra pas sur le devant de la scène. Lorsqu'on y réfléchit, c'est une bonne chose en réalité. Ainsi, le lecteur a tout loisir d'imaginer à sa guise l'avenir de la relation entre Joshua et Annabelle. Le cycle est clos pour le détective.
Toutefois, les projets ne sont pas inexistants pour autant. En effet, un dessinateur a proposé à Maxime Chattam de faire de la trilogie une adaptation en bande-dessinée. Ce dessinateur, Michel Montheillet, vous l'expliquera mieux que quiconque (Voir l'interview ci-dessous).
Pour autant, l'auteur n'en a pas fini avec Portland et les personnages créés à travers ces trois thrillers. Il est effectivement prévu qu'il nous conte la disparition de Bradley, le mari d'Annabelle (prévu pour 2009). De plus, la légiste Sidney Folstom aura également son thriller dans trois ou quatre ans.
En conclusion, à travers cette trilogie, un auteur s'est fait connaître. Avec le succès sont venues les premières critiques, des mots même de l'auteur, "il en faut de la controverse". Certains lui reprochent de mettre le produit livre en avant en tant que tel, alors que pour d'autres il se mettrait lui-même trop en avant. Il est vrai qu'il conçoit ses livres comme des produits qu'il faut vendre. Qui lui jetterait la pierre ? La démarche pourrait être attaquable s'il n'était pas honnête avec les lecteurs et avec lui-même. Mais il l'est. Il n'écrit pas des histoires qui font vendre. Si c'était le cas, il n'aurait pas écrit "Le sang du temps" et aurait continué dans la lancée des thriller urbains. Il vend des histoires qu'il écrit avec passion. Il suffit de discuter avec lui cinq minutes pour s'en rendre compte. Vous verrez que vous avez affaire à un homme passionné et non à un jeune loup aux dents pointues. Alors laissez-vous tenter...
Après les romans, la bande-déssinée
Au lieu de vous parlez longuement et vainement de ce projet, nous avons préféré laisser la parole à l'artiste qui en est l'instigateur: Michel Montheillet. (Cliquez sur les images pour les agrandir)Bonjour Michel, avant que l'on ne s'attaque au sujet qui nous préoccupe, passons par la case départ qui est devenu un rituel: Qui es-tu Michel Montheillet?
C'est une excellente question je te promets une réponse dès que j'ai terminé les années d'analyse qui me le diront. Plus sérieusement j'ai quand même quelques éléments : je suis un grand lecteur de BD, de romans, de magazines, un grand consommateur de films ou de séries et accessoirement quand je ne fais pas tout ça j'aime dessiner ou boire un coup en terrasse. Je ne suis pas sûr que ça couvre ta question mais, pour l'heure je n'ai pas de meilleure réponse !
Pourquoi cette envie d'adapter cette trilogie? Et comment s'est passé ta rencontre avec Maxime Chattam?C'est assez difficile à définir précisément mais, très rapidement à la lecture des toutes premières pages de l'âme du mal j'ai tout de suite pensé que ça ferait une excellente BD ! Un personnage qui évolue, vieillit et explore la notion même du mal dans sa vie jusqu'à perdre ce qu'il a de plus cher. Tout en Joshua Brolin me parlait et je pense que c'est une connexion très forte que Maxime établit avec son lecteur.
En tout cas ça m'a donné envie de faire des essais et de lui soumettre assez rapidement.
Son enthousiasme a été immédiat et ça m'a énormément motivé pour continuer.
Quel est le travail de chacun dans cette équipe?
Très simple! Le travail d'adaptation est titanesque et transposer des romans de 500 pages en différents albums de 50 est plus problématique qu'on ne l'imagine au départ.
Il faut que l'histoire reste haletante mais aussi que chaque album fonctionne comme une unité, que le lecteur se dise qu'il tient un chapitre d'une histoire qui a son propre rythme avec des scènes d'action, que les personnages soient plantés rapidement et que tout cela reste très cohérent dans l'univers de Maxime. C'est pour ça qu'il est le mieux placé pour le faire. Nous en discutons mais ce sont ses personnages et il faut que le lecteur ne sente pas une édulcoration de ce monde mais un autre traitement !
Mon travail commence dans la traduction des mots en images à savoir du découpage jusqu'à la finalisation des dessins. Et c'est Agnès Moreau qui s'occupe de la mise en couleurs des planches.
Lorsqu'on entend parler de ce projet, le terme "adaptation" est régulièrement mis en avant. En effet, les romans étant denses, on voit mal une transcription. Ce serait une erreur
Mais tout de même en quoi est-ce une adaptation par rapport au matériel original?
Pour tout ce que je viens de dire et aussi parce que nous pensons, avec Maxime, autant à la personne qui découvrira l'histoire que celui qui connaît déjà le roman. Pour ces derniers nous tenons à amener des éclairages nouveaux sur les personnages. C'est aussi pour Maxime l'occasion de creuser en profondeur cet univers qu'il connaît bien. La structure des albums sera différente et si l'on raconte la même intrigue on ne la raconte pas de la même manière. C'est aussi par respect des romans : ils existent tels quel et n'ont besoin d'aucun ajout. La BD est une adaptation et ne veut en aucun cas se substituer aux romans originaux. C'est juste une traduction dans un autre langage du même monde.
Il est possible de voir quelques uns de tes essais sur le site officiel de Maxime. Lorsqu'on le compare avec tes travaux précédents (essentiellement des livres pour enfants), on y remarque une différence de style énorme. Il suffit de se balader sur ton site (http://www.sanslesmains.com), pour observer que tu es hétéroclite dans tes styles. On sent que tu modèles ton style avec le sujet traité.
Lorsque j'ai regardé les différents dessins, j'ai été agréablement étonné. As-tu une préférence de style? Plutôt sombre et réaliste ou cartoony?...
Aucune préférence. Je pense juste que le dessin n'est là que pour traduire quelque chose parfois juste pour vendre comme la pub et parfois à rendre crédible un univers avec un dessin plus réaliste mais je prends beaucoup de plaisir à changer de style . Je trouverais ça ennuyeux de ne faire qu'un seul type de dessin, un peu comme quelqu'un qui n'écouterait qu'un seul style de musique. Mais ceci dit c'est long et j'aimerais savoir en changer bien plus que ça !!
En tant que lecteur assidu des romans de Maxime Chattam et aficionado de bonne bande-déssinée, je pense que ce projet est le projet qui te permettrait de te faire connaître au plus grand monde. De plus, tu es un lecteur de BD en plus d'en être un auteur.
Logiquement, je te demande en tant qu'auteur et de lecteur ce que tu penses du marché actuel?
Trop de sortie comme certains le crient?...La BD a le vent en poupe et tous les éditeurs traditionnels veulent tous avoir leur collection de BD comprenant bien qu'il n'y a pas un mais plusieurs marchés à se partager. Alors c'est sûr qu'il est difficile d'exister et la visibilité de certains est vraiment minime mais c'est passionnant surtout si tu as des goûts très différents. Personnellement j'aime autant le manga que les albums de Goosens, les BD d'auteurs comme Plunkets (dont l'auteur Greg Thompson vit d'ailleurs à Portland) ou les séries comme le tueur ou les comics comme les ultimates . j'adore des dessinateurs comme Battaglia, Munoz, Breccia, Thierry Robin ou Mazzuchielli . Bref j'adore fouiller dans cette immense production pour dénicher des albums de talent. Mais il y en a tellement que j'ai des immenses lacunes !!
En France (et en Europe), certains artistes d'autres horizons prennent la BD comme un art nouveau où chacun peut tenter de percer. On ainsi vu Beinex ou Adeline Hallyday signé des scénarios. Tentative restée vaine au niveau vente.
Toutefois, des auteurs de romans s'y essaient également. Notamment Maud Tabachnik, Fred Vargas ou encore JC Grangé. Le public européen a du mal alors que le public américain a l'habitude de ces migrations inter-genres littéraires. Pourquoi avoir voulu s'installer dans cette mouvance en travaillant avec Maxime?Désolé pour la notion de mouvance mais, en ce qui me concerne, c'est bien
plus la rencontre avec un auteur avec lequel j'ai l'impression d'avoir des innombrables imaginaires en commun qu'une volonté de faire tendance ! Je crois que ce projet est tout sauf « un coup » d ‘éditeur mais une vraie passion commune pour différents modes d'expression. Et je ne dis pas ça en l'air. Maxime peut passer d'un univers à l'autre avec une grande facilité et il n'en est qu'au tout début de sa carrière d'écrivain ! Pour l'instant il est connu essentiellement pour des « thrillers » mais au fur et à mesure de ses prochains romans les lecteurs comprendront qu'il peut écrire bien plus que ça et son intérêt pour la BD n'a pas commencé avec ma proposition. Je pense qu'il y a beaucoup de domaines dans lesquels on va le voir travailler dans les années à venir !
Nous souhaitons que tes projets (que ce soit la trilogie ou d'autres) réussissent Michel. Ce serait une bonne chose pour les lecteurs de pouvoir lire quelqu'un de ton talent. Nous n'avons jamais trop de talent à lire.
Avant de te laisser le mot de la fin, peux-tu nous parler de tes goûts littéraires? Tes derniers coup de cœur (romans, BD...)?Le dernier roman qui m'ait vraiment impressionné est Ecchymose de Anne Monteil Bauer un bouleversant livre qui ne se limite pas seulement à son témoignage de femme battue par son pygmalion,un intellectuel de la Sorbonne mais aussi la découverte d'une écriture très personnelle et époustouflante . J'adore vraiment la manière dont cette femme écrit !
En BD je dévore le deuxième cycle de Millar et Hitch sur Ultimates et, en ce qui me concerne c'est probablement pour moi ce qui se fait de mieux en ce moment ! Sinon je lis avec avidité les mangas de Jiro Taniguchi ou des choses plus radicales comme Gantz ou MPD psycho
Si quelqu'un a envie de lire du comics de haut vol il y a aussi Secret Identity de Stuart Immonen qui est une belle relecture du mythe de Superman.
Sinon je trouve que le niveau d'écriture de pas mal de séries TV américaines en ce moment mérite qu'on s'y attarde mais je suis sûr que beaucoup d'entre vous sont aussi des accros de the Shield, Lost, Rome, OZ, the Lworld ou Desperate Housewives
Il se passe plein de choses là dedans et j'espère que ça arrivera en France aussi
Le mot de la fin est tien
Merci de ton intérêt pour le projet. C'est un plaisir que de travailler dessus et lorsque je vois à quel point l'univers de Maxime est important pour ses lecteurs ou la bonne humeur qu'il peut générer sur le forum qui lui est consacré je me dis que les livres peuvent encore rapprocher les gens. En ce qui me concerne je peux vraiment dire qu'un seul livre a changé ma vie !!!
