Ingrid Desjours







Septembre 2009

 




Bonjour Ingrid, la première question est un petit rituel sur Plume libre. Qui êtes-vous, Ingrid Desjours ?
Je ne suis pas sûre de savoir répondre à cette question : à croire que les psys sont un peu comme les cordonniers... Disons que je suis une trentenaire plutôt bien dans ses baskets quand elle arrive à mettre d'accord toutes ses personnalités !



Pouvez-vous nous présenter votre roman : « Echo » ?

Echo ouvre une fenêtre sur le profilage criminel et les méandres d'un esprit pervers... C'est aussi la rencontre de deux personnages complexes, avec leurs fragilités et leur part d'ombre. Patrik Vivier flic subtil et fatigué sous des airs de gros dur et Garance Hermosa jeune profiler qui joue du masque en virtuose et ne veut pas être aimée.



« Echo » est votre 1er roman. Conte de fées ou parcours du combattant ? Avez-vous eu des problèmes pour le faire éditer ?
Conte de fées ! J'ai eu la chance d'être tout de suite soutenue et suivie par un éditeur qui a su me faire travailler et me donner confiance.



Comment vous est venue l'envie d'écrire ? Quel a été l'élément déclencheur ?
J'écris depuis que je sais tenir un crayon. Je ne saurais dire ce qui a déclenché cette envie, comme si elle avait toujours été là. Ma première "oeuvre" m'a valu 4 heures de colle ! J'avais huit ans et avais rédigé un pamphlet en alexandrin sur mon école...



Comment en êtes-vous venue à écrire ce roman et pourquoi un roman policier ?
Le roman policier, parce qu'il y a des contraintes : le processus créatif est mis à l'épreuve d'un raisonnement qui doit être logique et rigoureux. Par goût du jeu aussi, pour le plaisir de fabriquer un puzzle que le lecteur devra résoudre. Ce roman, en particulier, et ceux à venir, je suppose... comme un exutoire, un besoin compulsif de faire sortir certaines choses, de les partager, avec sûrement le désir secret d'être lue entre les lignes.



Combien de temps avez-vous passé à l'écriture de ce livre ?
Officiellement une année... mais je pense qu'il était là depuis bien plus longtemps !



Comment gère-t-on son temps entre écriture, travail et vie de famille ?
J'ignore comment on gère... Je n'arrive pas à commander l'envie, le besoin d'écrire. J'essaie juste de ne pas trop me désocialiser en phase d'écriture, mais ce n'est pas évident. C'est une telle transe, un tel bonheur que tout le reste s'estompe.



Dans la "vraie vie du dehors", vous êtes diplômée en psychologie clinique et spécialisée en sexo-criminologie. Votre activité professionnelle a-t-elle beaucoup influencé le choix du sujet de votre livre et votre façon d'écrire ?
Echo s'inspire, avant de dériver vers de la pure fiction, d'un cas auquel j'ai été confrontée. Ma façon d'écrire est forcément influencée par ce que j'ai vécu et donc par mon activité professionnelle, bien que je ne pratique plus aujourd'hui. Je rentre facilement dans la logique de mon tueur, je fais corps avec lui et je m'en délecte...



Pourquoi avoir choisi le monde du Showbusiness comme cadre pour votre intrigue ?
Ce sont surtout Klaus et Lukas, les victimes, qui ont choisi d'y travailler ! Quoi de plus grisant pour eux, que ce monde factice où ils pouvaient paraître et exercer leur pouvoir ?



Votre livre dénonce certaines perversions et le mal en général, pourquoi avoir eu envie de traiter ce sujet ?
Je montre, plus que je ne dénonce, les mécanismes qui peuvent conduire à des actions condamnables. Ce qui m'intéresse, c'est à la fois de transmettre un peu de ce que j'ai pu comprendre et aussi d'approcher l'instant où tout bascule, afin de voir s'il y a une forme de déterminisme ou si, au contraire, certaines horreurs pourraient être évitées.



Quelle partie préférez-vous dans la conception d'un livre (les recherches, l'écriture...) ?
Ce que je préfère, ce sont les phases de pure transe, quand j'oublie le reste du monde et que je lâche la bête, quand l'écriture m'emporte et que je danse avec les mots, les émotions, quand je pose mes tripes sur mon écran.



D'ailleurs quel est votre processus d'écriture ?
L'histoire s'impose à moi : la victime, le crime, ses raisons, son auteur, leurs proches. J'élabore le profil de chacun, fais des recherches sur les thèmes que je souhaite approfondir, décide du déroulement de l'enquête comme d'un grand squelette qui va guider le corps du livre et me lance... et souvent me laisse surprendre par l'intrigue qui évolue d'elle-même !


Le personnage de Garance est assez atypique : belle, intelligente et provocante. Comment vous est venue l'idée de ce personnage ?
Garance est un peu plus qu'un simple personnage...



De manière plus générale, où trouvez-vous l'inspiration pour la création de vos personnages et comment choisissez-vous leurs noms ?
Je m'inspire beaucoup des visages que je croise, d'attitudes, de phrases que j'entends. Je ne choisis pas les noms au hasard : il y a parfois des private jokes, quelques jeux de mots comme pour ‘Patrik Vivier' (au-delà des initiales PV, j'ai pensé que pour un flic, mieux valait être sans C que sans K... capillotracté, je vous l'accorde, mais très jouissif), et des anagrammes comme pour ‘Garance Hermosa' et tous les personnages du prochain roman.



Comment vous est venue l'idée du journal intime du 1er chapitre ?
Elle s'est imposée à moi, comme une respiration puis une apnée dans l'écriture...



A-t-il été difficile de construire l'intrigue de votre roman ? Prenez-vous plaisir à manipuler vos lecteurs et est-ce difficile de les mener par le bout du nez ? :o)
Oui, c'est grisant de tenir les rènes et de conduire les lecteurs sur de fausses pistes. Mais il faut tout de même leur donner la possibilité de démasquer l'assassin avant les enquêteurs, alors ce qui est vraiment difficile, c'est de donner suffisamment d'indices sans rendre les choses trop évidentes... mais bon, il faut bien jouer le jeu !



Comment arrivez-vous à créer un tel rythme lors de votre écriture ? Une fois plongé dans "Echo" et celà dès le 1er chapitre, impossible de le lâcher. Quel est votre secret ?
Merci ! Je n'ai pas de truc, je pense juste que j'écris comme j'aime lire. J'ai besoin que les choses aillent vite, qu'il y ait des rebondissements : j'aime me faire avoir.



Le succès semble présent au vu des différents avis croisés sur les différents blogs. Pensez-vous reprendre les même personnages dans un prochain livre et en faire une série ou au contraire changer de personnages et d'univers ?
Je suis touchée que mon roman ait pu rencontrer quelques lecteurs, mais quand j'en relis des passages, j'ai du mal à y penser en terme de succès car j'en vois les défauts... Le prochain roman mettra à nouveau en scène Garance et Patrik. Ils auront cependant un peu évolué. Surtout Garance qui sera plus sombre, en proie à des démons du passé.



Comment voyez-vous la place de la femme (auteure et personnage) dans le polar français ?
L'homme et la femme ne s'accrochent sans doute pas aux mêmes détails, qu'ils soient auteurs ou personnages, et apportent de fait des points de vue complémentaires.



Est-il difficile de faire sa place quand on est une femme écrivain ?
Je ne me suis jamais posé la question du genre, professionnellement : être une femme ne m'a ni compliqué, ni facilité la tâche.


Vous avez participé récemment au forum des membres de l'Ecole de Caen au Mans. Quelles sont les anecdotes croustillantes (ou pas) que vous pouvez nous communiquer sur cette bande d'auteurs ? Allez-y, lâchez-vous, d'après notre expérience, ils ne mordent pas... :o))
Oui ! Deux d'entre eux se défendent d'être fans du groupe A-ha, alors qu'ils écoutent "take on me" en boucle (et chantent avec Morten Harket : c'est un carnage quand ils montent dans les aigus !). Mais j'ai promis à Jean-Luc et Raphaël de ne pas les nommer.



Une question de notre matou que vous voudrez bien excuser par avance : Avez-vous écrit votre livre à la montagne pour un meilleur............Echo ? ;o)
Pas vraiment, mais j'espère qu'ils continueront à être bons !



Quelles sont vos influences littéraires, vos derniers coups de cœur ? Et en matière de cinéma et de musique ?
Dans mes jeunes années j'ai beaucoup lu Barjavel, Ann Rice, Stephen King, des auteurs qui ont nourri mon imagination. Mon dernier coup de coeur est pour "Les âmes fardées" d'Aurore Guitry, une très belle plume. En matière de cinéma je suis fan du Dracula de Coppola, qui est d'une sensualité et d'un romantisme renversants, des films de Zabou Breitman, touchants et pleins de poésie... Je suis aussi une dévoreuse de séries américaines dont j'apprécie le format et le rythme. Mes goûts musicaux sont plutôt éclectiques : de Beethoven à Marylin Manson, en passant par Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Miossec, Noir Désir, Benjamin Biolay, Lhasa de Sela...



Quels sont vos projets pour l'année à venir ? Pour quand le prochain roman ?
Le second roman sortira au printemps prochain... en tout cas j'y travaille !



Merci beaucoup Ingrid Desjours, nous vous laissons le mot de la fin.
Je n'aime les fins que parce qu'elles signent le début d'autre chose... Un grand merci à vous de m'avoir donné cet espace d'expression !
 

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