Éric Giacometti







Février 2009

 



 

Lire l'interview de Karim Nedjari, co-auteur du livre "Tu ne marcheras jamais seul"

Bonjour Éric, petite question rituel : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur qui est Éric Giacometti ?
J'ai 45 ans, je suis journaliste au Parisien-Aujourd'hui en France. J'ai parcouru plusieurs domaines, investigation, santé, société, économie, secteur dans lequel j'exerce en tant que chef de service. Pour m'évader, après le travail, tard le soir ou tôt le matin, et systématiquement  en vacances,  j'écris des thrillers. Par ailleurs, certains d'entre vous connaissent la série d'ouvrages co écrits avec Jacques Ravenne avec comme héros principal le commissaire franc-maçon, Antoine Marcas.


Le 27 février 2009 sort votre dernier livre "Et tu ne marcheras jamais seul » qui se passe dans le monde du football, pourquoi avoir choisi ce sport ?
C'est Karim le responsable ! A force de me parler des coulisses de ce sport, on a fini par concocter cet ouvrage. J'avoue que je n'ai jamais été un fan de ballon rond, sauf au moment des coupes du monde, et peut-être par réflexe un peu patriotique, mais Karim m'a appris à comprendre toute la richesse de cet univers. Ca m'a changé de l'univers des thrillers ésotériques avec Marcas et j'ai pu me lâcher sur l'écriture. On ne se rend pas compte à quel point c'est pas évident d'inventer dans les thrillers ésotériques des « secrets qui vont bouleverser l'humanité » (demandez à Jacques Ravenne), là j'étais plongé dans un univers plus réaliste et nouveau. Et puis, Karim m'a conseillé quelques lectures que j'ai trouvées passionnantes en particulier sur le foot en tant que rituel et religion.
Il y a tout les ingrédients dans ce sport, le pouvoir, l'argent, le vice, la passion... Qui tient le foot tient le monde.


« Et tu ne marcheras jamais seul » est l'hymne d'un très grand club de foot Anglais, pourquoi avoir choisi ce titre ?
C'est un titre qui parle à tous les passionnés de foot et qui possède une certaine élégance, intriguant pour les non avertis. On ne voulait pas d'un truc comme « but sanglant », ou « les crampons de la mort ».

 

Comment est né ce projet  ?
Karim l'a raconté à merveille. C'est un amoureux du foot qui veut communiquer sa passion mais qui est aussi un peu écœuré par la face sombre de ce sport. Il a enquêté des années et il est très respecté dans ce milieu. Ce qui est curieux c'est qu'on s'était croisé au service investigation à quelques années d'intervalle mais que je n'ai jamais investigué avec lui dans ce secteur. On pourrait dire qu'Alexis Santangello c'est lui, il y a mis beaucoup... C'est marrant parce qu'au début il voulait le nommer Alexis Sinclair, Sinclair comme le lord anglais d'Amicalement vôtre.
Et ensuite, l'éditeur Michel Lafon, avec qui Karim était en contact, a sauté sur le ballon, en particulier grâce à Pierre Ferry, un type incroyable, ancien journaliste, qui s'est enthousiasmé. Je remercie par ailleurs l'éditeur des Marcas, Fleuve Noir, François Laurent au premier chef, de m'avoir laissé jouer ce match dans un autre club, c'était très fair play.



Comment c'est passée votre collaboration avec Karim Nedjari ?
C'est un bourreau de travail et un co auteur très rigoureux. Il a passé des heures à Saint Petersbourg à  faire les repérages, allant jusqu'à calculer les temps de marche au musée de l'Ermitage. On a bossé essentiellement l'été dernier avec des finitions jusqu'en novembre. Il a un rythme de vie hallucinant, surtout avec le lancement de son quotidien Aujourd'hui sport. J'ai un seul conseil à lui donner. Karim prend toi au moins une semaine de vacances, j'aimerais que tu puisses profiter de tes droit d'auteurs... J'espère que grâce à vous il m'entendra.

 

Pour reprendre l'introduction de votre livre « Certains pensent que le football est une question de vie ou de mort » et vous  ?
C'est beaucoup plus que cela... Et là je laisse la place à mes personnages préférés les deux tueurs, le buteur et Pok. J'ai toujours aimé concocté les personnages de salauds dans les romans.
Alexis Satangello qui croyait connaître les arcanes de ce sport va mettre les pieds dans un univers complètement dingue. Et je peux vous assurer que la fin n'est si délirante que ça. Si des lecteurs qui auront fini le livre veulent en savoir plus on pourra leur donner quelques clés.

 

Comment vous est venue l'envie d'écrire ?
La première fois c'était dans le cadre d'une enquête sur les manipulations de laboratoires pharmaceutiques, « la santé publique en otage », je voulais aller jusqu'au bout d'une enquête qui m'avait pris cinq années, et où j'avais pris quelques coups. Ce n'est que quatre ans plus tard que l'on m'a proposé d'écrire un thriller sur un scandale de santé, l'affaire des pacemakers tueurs, sur laquelle j'avais enquêté, « Pannes de cœur », Fleuve Noir. Le livre n'a pas marché mais j'ai pris un goût pervers à assassiner et malmener mes semblables dans un polar. C'est très jouissif. Je le conseille à des potes journalistes

 

Vous êtes actuellement chef de service au Parisien, pourquoi cette envie d'écrire des romans ?
Et pourquoi toujours y ajouter un soupçon de vérité ?
C'est un ballon d'oxygène, un plaisir essentiel, surtout quand on passe la journée, au service économie, à traiter de la crise actuelle et tout ce qui en découle, j'essaye de conserver une lueur d'optimisme. Partir de Saint Ouen, où j'ai mon bureau, la nuit tombée, et se retrouver  une heure plus tard à Londres ou Saint Petersbourg pour tourmenter notre héros Alexis Santangello, voila quelque chose d'assez plaisant. Je ne sais pas si vous vous souvenez de Belmondo dans le film « le Magnifique », l'écrivain qui se projetait dans ses histoires  dans les lieux exotiques et des situations pas possibles, c'est un peu ça.
Le fond de vérité vient de mon métier, j'aime partir d'éléments réels et d'inventer quelque chose qui dépasse cette réalité. Ian Fleming a écrit «  mes histoires sont plutôt fantastiques, même si elles s'inspirent souvent de la réalité. Elles sont extravagantes et dépassent le domaine du probable mais selon moi celui du possible. » Tout est dit.

 

Quelle partie préférez-vous dans la conception d'un livre (les recherches, l'écriture...) ?
D'ailleurs, quel est votre processus d'écriture ?
Les deux mais la phase d'écriture est plus intense. A partir du moment où le synopsis est bâti, on se repartit les chapitres et on se lance. Le meilleur moment pour moi est le matin vers 6h30. L'esprit est clair, sauf après une soirée un peu agitée. En période de vacances j'ai toujours mon ordinateur avec moi.
Pour « Tu ne marcheras jamais seul », des trucs tournaient un peu à l'obsession, j'écoutais en boucle ce chant dans des vidéos sur Youtube. Je me suis même réveillé une fois avec la chanson dans la tête.


Est-il difficile de travailler conjointement avec un autre auteur que ce soit avec Jacques Ravenne (Commissaire Marcas - Fleuve Noir) ou avec Karim Nedjari ? Comment cela ce passe-t-il en pratique ?
Non, les styles ne sont pas les mêmes mais pour le reste ça ne change pas grand chose. Le secret tient au degré de confiance que vous avez avec votre co auteur. Avec Jacques on se connaît depuis l'âge de 16 ans, on se dit tout et on peut s'envoyer paître... Avec Karim, nous étions chacun en terrain inconnu, moi pour le foot, lui pour l'écriture du thriller. Donc complètement complémentaire.

 

De tous les livres que vous avez écrit, quel est celui qui vous à le plus marqué et pourquoi ?
Chacun à leur manière. Le premier d'enquête ,« la santé publique en otage », en 2001, a été une thérapie nécessaire. « Pannes de coeur », en 2004, me laisse un goût amer, j'y avais mis beaucoup de moi mais ce fut un échec. « Le rituel de l'ombre » en 2005, a été la divine surprise, si j'ose dire, le début d'une série à succès qui me donne le plaisir de continuer d'écrire. On va voir avec « Tu ne marcheras jamais seul » ce qui va se passer.


Quand vous avez commencé à écrire "Le Rituel de l'Ombre" pensiez-vous qu'il y aurait une suite ?
Non. On espérait que ça marche mais pas à ce point. Je n'ai vraiment réalisé la situation à Madrid quand j'ai vu notre livre en espagnol dans les librairies. On était loin d'imaginer qu'on serait publié dans douze pays. D'ailleurs, au moment où je vous parle Ravenne, ce salaud, part à Tokyo pour la parution du « rituel de l'Ombre » au Japon.
Ce qui amusant c'est qu'à la parution en France deux personnes, lecteurs assidus de polar, m'avaient dit d'un ton condescendant que c'était « gentil » et ils ne m'avaientt pas prédit un grand succès. J'aime bien les narguer chaque année avec la sortie du nouveau Marcas d'autant qu'aucun des deux n'a toujours été capable d'en écrire un... Et là j'aimerai dire aux lecteurs de Plumes Libre qui veulent se lancer dans l'écriture, n'écoutez jamais les critiques, les pédants, les pisse froids, les donneurs de leçon, les experts de tout poil, si vous croyez dans votre truc, foncez. C'est pas sûr que ça marche mais au moins vous aurez essayé. Ceci étant, la vie d'auteurs de thrillers est éphèmère. Quand vous voyez l'un de vos ancien livre vendu à deux euros sur ebay ou chez un bouquiniste, vous relativisez pas mal de choses.

Un commissaire Franc Maçon c'était une premier dans le monde du polar, pourquoi un tel personnage, comment est-il né ?
Jacques Ravenne est franc-maçon, plus jeunes on avait dévoré tous les bouquins du genre templiers, Rennes le Château, énigmes ésotériques, des plus farfelus aux plus pointus. Un flic qui évoluerait dans cet univers et revisiterait les grandes histoires du cru ça s'est imposé. On a eu de la chance, après le Code Vinci il y a eu un engouement chez les éditeurs. On a soumis l'idée à Béatrice Duval, à l'époque directrice littéraire chez Fleuve Noir, elle a accroché tout de suite et nous a bien aidés.



Le prochain Marcas sort au mois de Juin pouvez-vous nous donner quelques infos ?? Allezzzzz sy you plait !!!
Il traitera de l'énigme de Rennes le Chateau et de l'Apocalypse. Vous en saurez plus sur le site « Polar franc-maçon »...
Pour Rennes le Château, on s'est fait plaisir, avec Jacques on y a fait des fouilles plus jeunes pour toruver le trésor (avec du recul c'était très niais mais on s'est bien marré). Marcas à de longues années devant lui on a signé avec notre éditeur jusqu'en  2011 pour écrire la suite de ses aventures, sous la houlette amicale de Céline Thoulouze, notre éditrice.". Les thèmes de manquent pas. On a déjà traité du nazisme (Le rituel de l'ombre), de l'alchimie (Frère de sang), l'érotisme et la magie (Conjuration Casanova), des templiers (La Croix des Asassins). Les lecteurs qui nous suivent aiment cet univers et font preuve de pas mal d'humour et de recul, tordant le cou à une idée reçue selon laquelle les gens qui aiment les thrillers ésotériques n'ont pas d'esprit critique. Allez faire un tour sur le groupe Antoine Marcas sur face book créé par un lecteur et vous verrez.


Un livre à conseiller aux lecteurs qui ne vous connaissent pas encore?    

Tu ne marcheras jamais seul ou le Rituel de l'ombre.

 

Quelles sont vos influences littéraires ? Vos derniers coups de cœur en matière de littérature, musique et cinéma ?
Influences littéraires populaires.

En matière de Thriller j'ai été bluffé par Grangé, Chattam,  Thillez qui ont révolutionné le petit monde du polar « à la française ». J'aime les livres dans lesquels  l'auteur a effectué des recherches et travaille le suspense. Le style est pour moi secondaire dans un thriller, j' aime les page turner. Un peu comme ces bd qui paraissaient dans Spirou ou Tintin qui s'achevaient chaque semaine sur un rebondissement. En arrivant dans le monde du polar, j'ai découvert à ma grande surprise qu'il existait un snobisme, où en gros les thrillers à la Chattam ou Grangé étaient considérés comme des livres « commerciaux », donc sans intérêt littéraire, arguant du principe que le polar était devenu un genre à part entière avec « ses lettres de noblesse », au secours... et oubliant qu'à la base les polars étaient des romans populaires, voulant toucher le plus grand nombre. Ça n'enlève rien au fait qu'il existe de très grands auteurs français de polar (Manchette, Vargas,  Daeninckx, etc) et je respecte cela, comme dirait Olivier Descosse. Par ailleurs j'ai beaucoup aimé "La peur et la chair" de Giorgio Todde, très prenant et donc Pierre Magnant et la plus part de ses ooeuvres.
Sinon Dan Simmons, Herbert, Fredric Brown, Easterman, Morrel, Fleming, Buchan, Stuart Kaminsky, Chester Himes, Agatha Christie, Dantec, Grisham, Westerlake. Anne Rice en matière de fantastique. Mais j'ai été très influencé par le cinéma et les séries TV. J'avoue une passion perverse pour les anciennes séries anglaises, comme chapeau melon et bottes de cuir ou le prisonnier. Le renouveau des séries américaines est assez prodigieux, genre la production de la chaine HBO (Rome, etc).


Les oeuvres que je viens de finir ce mois.
« L'homme sans âge » de Coppola en DVD, tiré d'un roman de Mircea Eliade, « le temps d'un centenaire ». Envoutant.
«Les orphelins du mal », de Nicolas d'Estienne d'Orves, XO. Un page turner que je n'ai pas lâché, je le conseille d'autant mieux que je ne connais pas personnellement l'auteur.
« Les goths » de Patrick Eudeline, ça m'inspire des personnages pour de prochains bouquins.
«L'intégrale John Buchan », au Masque. Une référence absolue pour moi, auteur des « 39 marches », et « le prophète au manteau vert ».



Quels sont vos projets à venir ?
En ce moment avec des amis auteurs de thriller on essaye de lancer un mouvement « la marmotte » : Henri Loevenbruck, Olivier Descosse, Maxime Chattam, Jacques Ravenne, Franck Thilliez, Laurent Scalèse, Bernard Werber, Erik Wietzel. On en saura plus au mois de mars mais il y a déjà un groupe sur Face book, crée par Henri. On a tous comme point commun l'imaginaire... Il y a des clins d'œil dans nos ouvrages avec le nom de la marmotte. Ça m'arrive aussi de glisser des noms de héros de livres que j'ai aimé. Dans « Tu ne marcheras jamais seul », il y a une référence à une femme d'un livre de Descosse. Je l'avais fait dans la Croix des Assassins avec Le Syndrome Copernic d'Henri. Ça m'amuse beaucoup.



Merci beaucoup, Éric Giacometti, nous vous laissons le mot de la fin.
En France il n'y ait que des salons du polar et pas de thriller, genre mal considéré en dépit de ses lecteurs sans cesse plus nombreux.  « Le polar c'est la réalité, pas le droit de mettre une once de fantastique », m'a dit un jour un auteur croisé dans un salon du polar. J'étais assez dubitatif, comme s'il y avait des règles à ne pas transgresser. Ca me saoule un peu . Cette manie bien française de  bâtir des cloisons, des compartiments. J'irais plus loin, j'aimerais aller dans un salon où l'on mélangerait des auteurs de thriller avec des écrivains de fantastique, de Fantasy ou de SF, des scénaristes français avec projection de leurs œuvres, tous qui ont comme point commun l'imaginaire (confère le groupe de la Marmotte). Bref faire exploser les frontières érigés par certains. Je vais peut-être même choquer les puristes, mais il y a des trucs fascinants dans la littérature dite pour « jeunes adultes et ados », (bonjour les étiquettes ) comme Uglies de Scott Westerfeld. C'est complètement subversif.

Du même auteur : Biographie, chronique, interview



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