Plume Libre - De éclectisme sans élitisme

Bonjour Jean Vigne, la première question est un petit rituel sur Plume Libre, pouvez-vous vous présenter ?

    Pour faire simple et rapide, auteur de 52 ans vivant près de Grenoble, passionné de JDR, de jeux de plateau, de jeux vidéos, films et séries, musique aussi, j'aime découvrir, voyager, alimenter mon imaginaire tout en me passionnant pour celui des autres. Nous vivons une époque parfois difficile, à l'avenir incertain, mais passionnante par la possibilité offerte à chacun de créer et d'exposer son œuvre.


Vous êtes l'auteur de plusieurs romans, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
    Alors, côté plume, pour mieux comprendre le pourquoi de cette obsession d'écriture (je crois qu'on peut la nommer ainsi), il faut revenir loin dans le passé (ce qui ne me rajeuni guère). J'ai toujours été bercé par les mondes merveilleux. Cela commence avec les romans de SF dévorés dès l'âge de 10 ans, après une fracture du bras (pas d'Internet ni de console pour s'occuper fin des années 70, et je ne parle même pas des mobiles). Ensuite est venu le temps des découvertes cinématographiques. Ah, Alien, Blade Runner, 2001 Odyssée de l'espace, Indiana Jones, Terminator et Conan le Barbare. De là a découlé le JDR, les jeux vidéos, la musique et j'en passe pour un jour, durant l'an 2 000 (ça ne s'invente pas), faire une rencontre unique dans une librairie avec le livre d'un certain David Gemmell fraîchement édité dans une toute jeune maison d'édition, Bragelonne. De quoi me donner l'envie de prendre la plume et de ne plus la quitter depuis.


Vos romans vont de la fantasy au thriller, comment passez-vous d'un genre à l'autre ? Et pourquoi ce choix ?
    L'art est, comme la pensée, l'un des rares milieux où l'on peut encore s'exprimer librement, sans entrave (quoi que, pour l'art, c'est malheureusement discutable dans certains pays). Je vais là où le vent de mon imaginaire me porte, sans restriction et donc, parfois, ce sera un thriller, parfois un roman d'anticipation ou de SF, parfois, un roman plus léger comme ma série écrite dans ma maison d'édition bretonne, Liv'édition.


Comment se passe une journée type pour vous ?
    Avouons le tout de suite, j'ai comme plus de 90% des écrivains publiés, un métier à côté. Donc, ma journée se passe comme celle de tout un chacun, entre travail, famille et divers loisirs (trop nombreux dans mon cas ^^ ). Pour l'écriture, durant plus de 17 ans, j'écrivais tous les jours sans exception (Noël et jour de l'An compris). Un rituel nécessaire pour avancer, pour rester motivé malgré les obstacles nombreux dans ce métier, mais aujourd'hui, depuis un peu plus d'un an, j'ai levé le pied. Comme on le dit si bien, j'ai pris du recul avec tout ça. Mon rythme d'écriture s'en est vu fortement diminué au profit d'autres plaisirs. Mais, malgré ma vision plus mitigée du monde de l'édition depuis que je navigue dans ses eaux troubles, jamais je ne m’arrêterai d'écrire.


Votre trilogie Néachronical vient d'être éditée en intégrale aux éditions Re:Lynks, pourriez-vous nous parler de cette saga ?
    Que dire ? C'est une saga assez étonnante pour moi dans le sens où elle m'a apportée autant de bonheur que de désillusion. Je ne me suis mis aucun frein pour cette saga. Sans doute pêche-t-elle par excès de jeunesse, mais au moins est-elle authentique à mon sens. Bien plus que pas mal de sagas dites populaires  et, surtout, bien calibrées. Après, elle reste très clivante, ce qui me vaut aujourd'hui un certain regard critique de la part de la profession et des critiques pas forcément justifié. Pourtant, j'ai pris un immense plaisir à écrire cette saga tout comme la suivante, Holomorphose, qui a subi finalement les mêmes revers.


Comment vous est venue l'idée de cette histoire ?
    Pour répondre à cette question, je vais d'abord parler de mon style d'écriture. Je suis un pur jardinier. Je ne fais donc aucun plan, pas l'ombre d'une feuille A4. Sans doute est-ce là mon principal défaut, mais j'ai tellement d'histoire en tête, d'idées, de débuts ou des fins, de personnages et si peu de temps pour tout coucher sur papier. Mon style se complète par mon écriture très cinématographique. Chaque scène, je les vois, je les visionne à la manière d'un film. Du coup, pour Néa, j'avais seulement deux idées en tête lorsque j'ai démarré le roman. La première scène dans les marais et, comment dire, le destin de Néa (ce qu'elle porte en elle ). Pour le reste, rien, tout est venu durant l'écriture des 3 tomes.


Les aventures de Néa se passent sur trois époques différentes, comment avez-vous géré ces changements de périodes ?
    Là aussi, comme je viens de le dire, rien n'était préparé. Je n'avais aucune idée de la suite à la fin de l'écriture du tome 1 et c'est venu uniquement lorsque j'ai trouvé le rôle de Tod, simple personnage au départ qui ressemblait à Lemmy Kilmister, chanteur décédé du groupe Motörhead. Je voulais lui rendre hommage par ce personnage qui ne devait apparaître que dans une scène, celle de l'homme qui prend Néa en auto-stop, tout au début du roman. La succession des périodes est venue naturellement après avoir compris le rôle de Tod et d'autres personnages tout aussi charismatique.


Sans les nommer pour laisser le plaisir de la surprise à vos lecteurs, vous faites intervenir des personnages issus de vieilles légendes aux côtés de Néa, pourquoi ce choix ?
    Je crois avoir largement répondu à cette question, mon choix est venu au moment où j'ai du offrir un rôle plus important à Tod. L'instant où, aussi, j'ai décidé d'un  virage crucial pour Néa, car si je connaissais dès le départ sa véritable nature, je n'avais aucune idée du comment ni du pourquoi. Après, j'aime beaucoup la mythologie, chose que l'on retrouve encore dans Holomorphose.


N'avez-vous pas été intimidé de redonner vie à ces personnages ?
    Nullement. On a le droit de tout écrire (ou presque), à la seule condition de rendre le récit crédible (autant qu'il puisse l'être). Après tout, qui croirait à une école pour petits sorciers ? Si votre récit, par ses personnages, la tournure de son histoire et votre style accroche le lecteur, nulle barrière n'existe.


Qu'auriez-vous envie de dire aux lecteurs qui n'ont pas encore lu vos romans ?
    De les lire ^^. Plus sérieusement, si vous aimez la surprise, les retournements de situation, les romans qui bougent, mais aussi un certain mélange des styles, une matière parfois peu conventionnelle, n'hésitez pas à prendre l'un de mes titres.


Quel titre conseilleriez-vous pour découvrir votre vaste univers ?
Opération Menhir (il n'est plus qu'en Epub) si vous aimez les récits humoristiques, les tranches de vie teintées d'une magie bretonne.
Tenebris Lupus si vous voulez un thriller vraiment particulier, avec un gros twist central dont vous vous souviendrez longtemps.
Holomorphose (2 tomes). Un mélange d'Urabn, de mythologie et d'une pointe de SF et de post apo (quand je vous disais que j'aimais mélanger les styles). Ce diptyque mérite mieux que le faible traitement subit. Plus que Néa, j'ai adoré Solana, son destin unique, épique...
Givre (3 tomes) ; Du vampire, mais pas que, beaucoup plus adulte, assez violent, avec une policière loin du cliché de l'étudiante chasseuse de vampire. Et puis, la suite (après le tome 1), parle de Japon, alors, comment résister ?

Quels sont vos projets ?
    Terminer ma trilogie fantasy Libellule. Le tome 1 est écrit, le tome 2 presque terminé. Là aussi, le premier tome démarre en pure dark/médiévale fantasy, pour ensuite mélanger dans le tome 2 de la fantasy et du cyberpunk... Sinon, caser mes nombreux romans écrits et qui attendent l'adoption...
Deux romans vont sortir cette année. La fin des aventures de Givre (deux épisodes numériques en juin et septembre, le roman qui réuni les deux en septembre). Et sinon, Yennès au delà des ténèbres, édité chez Elixyria, sortie prévue pour Livre Paris en mars.
Ah, si, un dernier projet, et pas des moindres. Nous avons ouverts une chaîne Youtube avec deux potes, « Le Bon, la Brute et le Geek ». Je vous rassure, je ne parle pas de mes livres ^^. Non, nous parlons de tout, cinéma, série, BD, manga, romans, jeux vidéo et jeux de plateau, JDR, sans prise de tête, dans la bonne humeur et donc, si vos lecteurs aiment nos vidéos, qu'ils s'abonnent. Ce sera là sans doute le plus beau cadeau à me faire.


Merci beaucoup, Jean Vigne, nous vous laissons le mot de la fin.
    Vivez... j'ai passé 18 ans plongé dans mes histoires, le nez sur mon clavier. Un jour, j'ai relevé la tête, j'ai vu le soleil et je me suis de nouveau aperçu qu'un monde existait, bougeait, changeait autour de moi. Rien ne remplace la réalité, pas même le rêve...

 
Du même auteur Biographie, chronique, interview