Catherine-Rose Barbieri

 

 

 

 

Catherine-Rose Barbieri




Bonjour Catherine-Rose Barbieri, la première question est un petit rituel sur Plume Libre, pouvez-vous vous présenter ?
    Bonjour ! Je suis l’auteur du roman Am, stram, gram… ce sera toi qui me plairas ! , une comédie romantique parue le 1er novembre 2018 aux éditions Eyrolles. Parallèlement à l’écriture, j’enseigne l’Anglais à l’université. Je vis en région lyonnaise avec ma famille.
Pour un portrait détourné de moi, je peux vous dire que j'aime les pivoines, les lasagnes, le champagne. Que j'aime faire traîner le petit-déjeuner, l'odeur du café. Que j'aime écouter de la musique, apprendre des langues étrangères, être émerveillée par la gentillesse de quelqu'un ou par une réflexion qui donne du sens au monde. Certes, je reconnais ainsi être légèrement idéaliste et fleur bleue, mais je l’assume. D’autant que ça n’est que le côté pile, l’équivalent de mon bon profil. ;-)


L’écriture a-t-elle été toujours présente dans votre vie ? Quel a été le déclic pour vous lancer dans l’écriture d’un roman ?

    J’ai toujours aimé écrire, depuis le journal intime dans lequel je griffonnais dès l’âge de sept ou huit ans, en passant par les rédactions imposées à l’école (dont j’étais sûrement l’une des rares élèves à ne pas me plaindre) et jusqu’aux poésies lyriques dont j’ai rempli plein de cahiers. C’est seulement vers 2009 que j’ai commencé à écrire ma première fiction, sans autre projet que de passer le temps entre deux bonnes lectures. Ce premier essai n’est pas allé très loin, mais j’ai découvert qu’écrire m’aidait à atténuer l’inévitable sentiment de frustration que l’on ressent parfois en terminant la lecture d’un excellent livre, dont on peut avoir du mal à quitter l’univers et la plume. J’ai entrepris ensuite l’écriture d’une saga fantaisie, dont le premier tome (inachevé) dort dans l’un de mes tiroirs : c’est toutefois avec cette histoire que j’ai fait mes armes et découvert qu’écrire était devenu chez moi un vrai besoin et une passion. J’ai écrit d’autres petits textes ici et là, par jeu, par plaisir. Puis, l’idée qui a fait naître l’histoire de mon premier roman m’est venue…
    

Am stram gram... ce sera toi qui me plairas ! - Catherine-Rose BarbieriAm, Stram, Gram ... Ce sera toi qui me plairas ! est paru en novembre 2018, aux éditions Eyrolles, Comment s’est passée la recherche d’un éditeur ?
    Les choses se sont faites de façon assez inattendue et, je crois, peu habituelle. J’ai commencé à écrire l’histoire de Am, stram, gram…ce sera toi qui me plairas ! sur un réseau social d’écriture appelé Wattpad, où je me suis inscrite en septembre 2016, sous l’impulsion d’une amie. Elle et moi avions décidé de nous lancer de petits défis d’écriture pour nous amuser. Elle a proposé que nous écrivions chacune une nouvelle sur le thème : « Une lettre d’amour ».  Seulement voilà, à la fin du temps imparti, j’avais écrit presque dix pages de brouillon sans même avoir mentionné ladite lettre ! J’ai donc raté l’exercice dans les grandes largeurs, mais le thème m’avait inspirée et une idée d’histoire avait germé dans mon esprit. J’ai repris ce premier jet en gardant le ton que j’avais réussi à créer et me suis mise à publier mes chapitres sur le réseau au fur et à mesure. J’ai d’abord intitulé l’histoire « Lettre d’amour », ce qui correspondait, en fait, au nom du fichier Word initialement créé dans le cadre de notre exercice d’écriture… Quelques lecteurs sont venus me découvrir et leurs commentaires m’ont encouragée. Quand j’ai eu publié une vingtaine de chapitres, j’ai reçu, via le réseau, un message de Stéphanie Ricordel, éditrice chez Eyrolles. Elle m’avait lue et souhaitait savoir si mon histoire était terminée. Ce n’était pas le cas, puisque je publiais au fur et à mesure de l’écriture ! Mais ce premier échange entre Stéphanie et moi m’a dès lors — vous le comprendrez — motivée à écrire un peu plus vite… Nous sommes restées en contact et lorsque j’ai eu écrit quarante chapitres, je les ai soumis au comité de lecture des éditions Eyrolles, sachant bien qu’il me restait encore une quinzaine de chapitres à écrire pour terminer l’histoire. J’ai reçu un accord de principe au début de l’année 2018 : mes premiers chapitres leur avaient plu, il ne me restait plus qu’à mener l’histoire au bout… C’est ce que j’ai fait en avril : j’ai remis le tapuscrit complet à Stéphanie et nous avons signé le contrat d’édition.
Je m’estime très chanceuse. Je pense qu’il s’est produit un alignement d’étoiles somme toute assez rare pour que mon texte rencontre son éditeur sans avoir à passer par des dizaines d’envois et l’interminable attente anxieuse qui en découle…
 

Votre roman fait partie de la Feel-good littérature, un « genre » qui explose, pourquoi ce choix et n’avez pas eu un peu peur de vous lancer dans un style qui compte déjà de très grosses pointures ?  
    Je ne me suis pas vraiment posé la question, je dois dire ! Je me suis mise à écrire par jeu, sur un réseau gratuit, sans même imaginer soumettre un jour l’histoire à un éditeur. J’étais bien loin de m’interroger sur la rentabilité ou la nature du marché, ni même sur la classification de mon manuscrit. Je voulais seulement écrire une histoire distrayante, drôle et rythmée, qui parle d’amour, d’amitié et d’émotions bénéfiques. J’ai écrit comme on joue, comme les enfants s’amusent, sans arrière-pensée ni calcul. La seule nécessité était pour moi de m’octroyer un bon moment, en dehors de mon travail, et de me faire du bien. J’ai beaucoup ri durant l’écriture de ce roman ; je me suis sentie libre et portée par l’histoire. J’ignore d’ailleurs si je saurai retrouver ce sentiment de liberté totale dans l’écriture d’un deuxième roman ; je sens que je me pose déjà plus de questions ! Pourtant, dans l’idéal, je crois qu’il faut écrire ce qui nous plaît et ce qui nous inspire, sans se demander si cela s’inscrit dans un créneau porteur, ni si l’on va trouver son public. Il y a plein de superbes auteurs de feel-good, en France et à l’étranger, et je crois qu’il y a une vraie demande des lectrices pour ce genre qui, comme son nom l’indique, cherche juste à nous faire « nous sentir bien ». Les retours des premières lectrices de Am, stram, gram… ce sera toi qui me plairas ! montrent qu’elles ont passé un bon moment en compagnie de mes personnages et ont retiré quelque-chose de positif de cette histoire, et c’est bien là tout ce qui compte !


Pourriez-vous nous présenter votre roman ?
    C’est l’histoire de Camille, jeune femme active de vingt-cinq ans, qui vit un peu repliée sur elle-même. Elle mène une vie bien rangée et ne fréquente que très peu de monde en dehors de sa meilleure amie Anna et de son sympathique voisin de palier septuagénaire. Mais la vie de Camille, tout à fait tranquille, voire incolore, est remise en question par la réception d’un email anonyme, provenant d’une personne lui disant penser à elle tout le temps. Ce mail inattendu va jouer le rôle d’un déclic en propulsant Camille, un peu malgré elle, dans une sorte de cluédo amoureux. Les mots écrits dans ce message vont en effet pousser notre héroïne à lever le nez de ses chaussures pour se mettre à observer les gens qui gravitent dans son entourage –au travail, dans son immeuble, partout… - la forçant à aller aux devants des autres, à se mettre un peu en danger, à sortir de sa routine, pour finalement découvrir que tout le monde n’est peut-être pas aussi affreux et insupportable qu’elle ne le pense… (on a bien dit « peut-être »…) Camille va ainsi se mettre dans des situations compliquées, souvent drôles, mais au fil des pages et des rencontres, elle va réussir à se poser les bonnes questions, à comprendre certaines de ses erreurs… et à trouver l’amour là où elle ne l’attendait pas du tout ! Cette histoire cherche à mettre en lumière les premiers soubresauts de l’amour, depuis le moment de la rencontre, souvent teintée de préjugés et d’appréhension, et jusqu’à la découverte de l’autre, qui met forcément en jeu une certaine prise de risque. Les mots sont, pour moi, au cœur de la rencontre amoureuse. Dans le roman, les mots sont écrits dans des courriers électroniques, sur des papiers glissés sous la porte ou dans la boîte aux lettres ; ils sont déposés chez des commerçants, comme de véritables jeux de piste, ou bien sont écrits à même la peau. C’est l’un des fils rouges du roman : cette idée qu’il n’y a de relation intéressante, saine et vraie que dans la communication. A Camille de le comprendre…


Sans trop en dire, comment vous est venue l'idée de départ ?
    Comme je l’ai expliqué, il s’agissait d’abord d’un thème choisi dans le cadre d’un petit exercice d’écriture, le thème vaste de « la lettre d’amour ». Cette lettre a tout de suite été anonyme, dans mon esprit. Tout le reste s’est construit autour de cette idée et du personnage de Camille, que je voulais absolument dépeindre comme cette personne ironique et renfermée sur elle-même, qui allait devoir changer d’avis sur les gens et sortir de sa bulle. Beaucoup de choses, notamment les personnages secondaires et les scènes de vie, sont nées dans la spontanéité de l’écriture.


Comment naissent vos personnages ? Utilisez-vous les caractéristiques physiques et/ou psychiques de votre entourage pour leur donner vie ou bien les inventez-vous de toutes pièces ?
    Mes personnages prennent vie un peu d’eux-mêmes, à vrai dire, se présentant d’abord à moi comme de vagues silhouettes dont le passé et les intentions ne se révèlent que peu à peu. Les voyant débarquer ainsi, comme des présences non incarnées, je me demande ce que chacun d’eux peut vouloir : ils doivent avoir besoin de quelque-chose et l’histoire dans laquelle ils cherchent à entrer doit pouvoir les faire évoluer. Il faut aussi, d’après moi, que les personnages trouvent quelque-chose l’un dans l’autre, que leur rencontre les bouscule, les questionne, les fasse changer et grandir. Ce sont les questions que je me pose avant d’arrêter un choix les concernant. Je ne cherche pas particulièrement à utiliser les caractéristiques psychiques ou physiques que j’observe chez les personnes de mon entourage proche : au contraire, j’évite plutôt de le faire… En tout cas pour l’instant ! Mais bien-sûr, tout ce que l’on vit est inspiration et parfois, les personnes que l’on croise, peut-être même davantage encore celles que l’on ne côtoie qu’un court instant et auxquelles on peut être tenté d’inventer une vie, vont être à l’origine d’une remarque ou d’un sentiment qui feront naître les contours d’un personnage. Toutefois, je reconnais volontiers que, lors de l’écriture de Am, stram, gram… ce sera toi qui me plairas !, j’ai fait quelques clins d’œil à des personnes proches, mais plutôt au niveau du choix d’expressions très orales et très colorées que je les entends utiliser parfois et qui me plaisent. C’était un jeu, comme le défi rigolo que se lancent certains lycéens de caser le mot « nonobstant » dans leur dissertation de philosophie au bac, si vous voulez…


Qu’avez-vous envie de dire aux lecteurs qui n’ont pas encore lu votre roman ?
    Je les invite à le découvrir, bien-sûr ! Je pense que ce livre n’offre pas qu’une immersion dans les prémices d’une histoire d’amour : c’est aussi un livre drôle et rythmé, qui s’amuse avec la langue française et les préjugés, ainsi qu’avec les difficultés de communication inhérentes à notre société. Il vous embarque dans une enquête distrayante et loufoque, et cherche à vous soutirer quelques sourires tout en vous procurant des émotions. C’est une lecture fluide, contemporaine et amusante, qui devrait donner envie à ses lecteurs d’aller davantage à la rencontre des autres.


Quels sont vos projets ?
    Je souhaite écrire d’autres histoires, bien-sûr. Finaliser Am, stram, gram… ce sera toi qui me plairas ! et suivre son arrivée en librairie m’a beaucoup occupée ces derniers temps, mais je sens que je suis déjà dans cette phase foisonnante où des idées, des personnages et des lieux commencent à prendre vie dans ma tête et à s’articuler entre eux. Cela fait des semaines que je cherche à mieux cerner ce que cette nouvelle histoire sera, mais ses contours se précisent et, comme beaucoup de choses ne naissent qu’au moment de l’écriture, il me faut absolument cesser de réfléchir à l’histoire dans sa globalité pour m’attaquer à son écriture, mot après mot…


Merci Catherine-Rose Barbieri, nous vous laissons le mot de la fin.
    Merci pour cette interview ! Je dirais seulement que l’aventure de l’écriture est fabuleuse, et ce à bien des égards. Le verbe « écrire » n’a pas de raison d’être sans le verbe « lire », et réciproquement : tout est dans le va et vient entre les deux, dans le partage et la connivence qui découlent de cet intime échange. (Je n’ai pas casé le mot « nonobstant », mais il s’en est fallu de peu…)


 Du même auteur : Biographie, chronique, interview
 
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