Olivier Norek

 

 

 

 

Entre deux mondes - Olivier Norek





Bonjour Olivier, c’est avec beaucoup de plaisir que l’équipe de Plume Libre vous décerne le Prix des Chroniqueurs pour votre roman Entre deux mondes.
    Et c’est avec un plaisir immense que je le reçois. Y’a des petits  fours ? Du Champagne ? Une soirée mousse et cosplay ? Non ? Rien ? Pas grave.


Entre deux mondes - Olivier NorekVotre roman se déroule à Calais. Comment est né ce roman et qu’est ce qui vous a donné l’envie de traiter le sujet de la jungle de Calais ?  
   
La peur. Tout simplement. Je ne supporte pas la peur. Je suis sujet au vertige, alors il a été capital pour moi de faire du saut à l’élastique. J’ai agi de la même manière lorsque j’ai réalisé avec stupeur que, comme beaucoup de monde, je m’étais bêtement mis à avoir peur du mouvement migratoire en Europe, sans en savoir rien et en oubliant que, outre le fait d’être moi même petit fils de migrant profitant aujourd’hui du courage de mon grand père et de la générosité de la France, le monde a été façonné par les mouvements migratoires. Je devais comprendre, devenir moins autocentré, m’ouvrir, et me faire ma propre opinion, pas seulement celle des médias et de la vision anxiogène qu’ils nous en offrent.


Comment avez-vous travaillé pour documenter l’histoire d’Entre deux mondes (tant au niveau des migrants que des policiers) ?
   
Comme à chacun de mes romans, comme à chacune de mes affaires quand j’étais flic, j’enquête ! Je me rends sur place, je me fonds dans le décor, je deviens mon histoire. J’ai donc vécu avec les migrants, patrouillé avec les flics, discuté sans fin avec des journalistes, des professeurs, des experts, des agents infiltrés, des calaisiens, des politiques… La promesse de mes romans, c’est une exactitude des faits. Ce dernier ne devait pas y faire exception.


Tous les personnages de votre roman sont particulièrement forts et marquants.   Comment sont-ils nés ?
    Excepté Bastien, ils étaient déjà nés avant que je commence, puisque je les ai rencontrés sur place, dans la Jungle. Ce sont eux qui ont modelé mon intrigue et le sens de mon livre. Adam, Kilani, Ousmane, Julie, Antoine… ils existent tous. Et leurs vies, tragiques et parfois sublimes, aussi. Concernant Bastien, je le considère comme un jeune Coste, le héro de ma première trilogie. C’est un flic qui doit apprendre le métier et qui va le faire de la plus dure des manières.


Pourrions nous retrouver certains personnages d'Entre deux Mondes dans un prochain roman ?
    Entre deux Mondes est ce que l’on appelle un « one shot ». J’avais une histoire à raconter avec ces personnages, et c’est fait. Je me vois mal les réutiliser. En plus, des héros et des salauds en pagaille m’attendent dans un coin de mon cerveau et tambourinent pour avoir leur moment ! Plus sérieusement, Adam et Bastien sont les flics d’un seul roman. D’ailleurs je ne crois pas que j’écrirai un nouveau livre du style d’Entre deux mondes. S’il est parfois difficile à lire, il a aussi été difficile à écrire.


A la lecture de votre roman, le lecteur ressent un nombre incalculable d’émotions (rarement un roman ne nous aura autant chamboulés), comment avez-vous travaillé les scènes « chocs » ?
   
Je me laisse entièrement submerger par l’émotion. Je tente de la ressentir, de la vivre.
J’écoute mon cœur, mon âme, ma sensibilité, et les mots viennent. J’essaie d’être un vecteur, un passeur tout en m’effaçant. Mon style assez télégraphique, voire scénaristique – ce peut être un reproche – veut laisser toute la place à l’émotion.


Les retours des lecteurs sont assez unanimes, avez-vous eu plus spécifiquement des retours de lecteurs calaisiens ?
   
J’ai eu le même message des calaisiens que des flics de Calais. Un retour de lecture assez bienveillant pour avoir éclairé une situation parfois un peu floue. Ne pas refuser leur colère, leur peine ou leur frustration et aller au delà de la réaction épidermique. Comprendre sans juger, puis l’écrire.


La décision de stopper les aventures de Victor Costes pour le moment a t-elle été facile à prendre ?   Comment a réagi votre éditeur ?
    C’est un peu risqué de quitter un personnage qui a déjà ses lecteurs. C’est aussi une solution de facilité que de remettre continuellement en scène les mêmes héros, au risque, un jour, de lasser. J’avais besoin de montrer que je savais écrire autre chose que du Coste dans le 93 avant que cela ne devienne du « Martine à la plage » . J’avais besoin de m’éloigner de ma zone de confort pour découvrir si j’en étais capable. Concernant mon éditeur, c’est un papa-poule tolérant, il me protège et me laisse aller jouer où je veux.


Quels sont vos projets ?
  
   D’abord, quelques séries, dont une, fantastique… un style qui rend pourtant les chaînes de télévision frileuses, mais j’aime aller vers de nouveaux horizons. Une autre série, résolument polar. Une adaptation de Surtensions et une autre, au cinéma cette fois-ci, de Entre deux Mondes, par Gilles Paquet Brenner. Pour les romans, ce sera une nouvelle sortie de ma zone de confort puisque je voudrais situer ma prochaine enquête à la campagne. C’est beau la campagne, c’est de là que viennent 95% des assassins en série.


Merci beaucoup Olivier Norek, nous vous laissons le mot de la fin.

    Ce sera assez simple car c’est un message que j’ai déjà fait passer dans les remerciements de mon dernier roman. Le mot de la fin, il sera pour les blogueurs. Pour les petits blogs, les grands, ceux avec de l’émotion, ceux avec des fautes, ceux avec du cœur, ceux avec de la poésie, ceux avec un grain de folie, ceux qui deviennent plus que de simples connaissances, ceux qui parlent de tous les auteurs et de leurs coups de cœurs les plus fous, ceux qui font tenir leurs murs avec des PAL, ceux qui nous aiment assez pour nous dire quand c’est mauvais et ceux qui nous accompagnent sur les salons. Les vrais journalistes du polar, c’est vous !



 Du même auteur : Biographie, chronique, interview
 

 

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