Alexandra Echkenazi

 



Alexandra Echkenazi

 

Bonjour Alexandra Echkenazi, afin de mieux vous connaître, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
    Après une prépa littéraire (hypokhâgne et khâgne) et des études de philo à la Sorbonne, je suis devenue journaliste. J’ai travaillé 15 ans au Parisien comme reporter spécialisée dans les faits divers et les sujets de société, puis j’ai eu envie d’écrire de la fiction. Impossible de le faire en travaillant dans la presse quotidienne qui vous prend tout votre temps (les soirées, les week-ends, et les jours fériés !). Il y a 5 ans, j’ai donc décidé de quitter Le Parisien et je suis devenue scénariste pour la télévision. J’écris aujourd’hui pour des séries TV et des téléfilms sur TF1, France 2 et France 3. « Le Journal de Mary » est mon premier roman.


Journaliste, scénariste, puis écrivain, comment passe-t-on de l’un à l’autre ?
    Facilement et difficilement à la fois. Facilement parce que lorsqu’on écrit dans un grand quotidien populaire comme Le Parisien, on sait se mettre dans la tête du lecteur, on sait trouver le mot juste, celui qui va l’accrocher, provoquer telle ou telle émotion, bref on sait comment raconter une histoire. En revanche, passer de la narration de la réalité à celle de la fiction (raconter des histoires imaginaires) ce n’est pas du tout un passage évident. Au contraire, c’est même a priori antithétique ! La fiction exige un abandon, une liberté qui est à l’opposé de l’écriture journalistique dans laquelle on a des repères qui sont ceux des faits. Ecrire de la fiction exige que l’on se lâche, sans honte ni peur, que l’on accepte de se laisser porter par autre chose que la réalité, ce qui n’est pas du tout évident d’un point de vue psychologique. Ecrire un roman c’est s’exposer, révéler à tous une partie de son monde intérieur, et ceci même lorsqu’on n’écrit pas de l’auto-fiction et que l’on parle de Kennedy ! D’ailleurs je n’ai pas fait ce saut dans le vide sans filet qu’est l’écriture d’un roman d’un seul coup ! Je suis passée par l’étape du scénario, qui est une sorte d’étape intermédiaire puisque dans le scénario – en ce qui concerne la télévision - il y a encore une route bornée, avec des passages obligatoires, une technique derrière laquelle on peut encore se réfugier. Dans le roman en revanche tout est autorisé tant du point de vue de l’histoire que de la manière dont on la raconte. Et ça, c’est jubilatoire mais ça peut aussi faire très très peur (rires).


Votre roman Le journal de Mary est paru aux éditions Belfond en mai 2016, pourriez-vous nous le présenter ?

Le journal de Mary - Alexandra ECHKENAZI    « Le Journal de Mary » est un journal fictif tenu par une femme qui a réellement existé, Mary Pinchot Meyer. C’est une femme totalement méconnue du grand public, qui fut pourtant le grand amour de JFK, le 35 ème président des Etats-Unis assassiné à Dallas en 1963. Mary n’était pas une maîtresse de Kennedy comme les autres, c’est celle qu’il a vraiment aimée. C’est une femme à part aussi en ce qui concerne son profil. C’était une intellectuelle, une artiste-peintre, avant-gardiste et pacifiste et non pas une petite actrice comme il les affectionnait tant. Enfin, elle est morte assassinée un an après lui dans d’étranges circonstances. Plusieurs témoins de l’époque ont confirmé que ce journal avait existé mais qu’il avait disparu au lendemain de sa mort.

Mary Mayer est une des femmes les plus mystérieuses de l’histoire, comment avez-vous fait sa connaissance ?
    Totalement par hasard dans un documentaire télévisé sur les maîtresses de Kennedy ! Le journaliste se contentait de glisser son nom et dire qu’elle avait été assassinée. A partir de là ma curiosité a été aiguisée, j’ai commencé à me renseigner et je n’ai plus pu m’arrêter.


On a écrit un nombre incalculable de livres sur Kennedy, n’avez-vous pas été intimidée de redonner vie à cet homme ?
    Si bien sûr ! Au début je me suis dit : comme si on n’attendait que moi, la petite française, pour révéler quelque chose sur JFK ! En plus avec un premier roman…Mais je savais au fond de moi que ce que je voulais faire n’avait jamais été fait, pas même par les américains puisqu’aucune fiction n’a jamais été écrite sur Mary Meyer. Ce qui du coup m’a foutu encore plus les jetons (rires). En fait il m’a fallu la confiance de mon éditrice Céline Thoulouze, qui a tout de suite cru en ce projet, pour que je le finalise.


Comment écrit-on quand on traite de personnes réelles ?
    On se pose beaucoup de questions ! Est-ce que j’ai le droit ? Qu’est-ce qu’elles auraient dit ? Pourquoi je fais cela ? Toutes ces questions, je me les suis posées et ce n’est que lorsque j’ai pu y répondre que j’ai commencé à écrire librement. Mary est une oubliée de l’histoire, une femme dont l’existence, la relation à JFK et la mort ont été volontairement passées sous silence par son entourage pour étouffer le scandale. Quant à son assassinat, près de 53 ans plus tard, il est toujours non résolu. C’est « un cold case ». En écrivant son journal, j’ai l’impression de lui rendre hommage à ma manière. Toutefois, ce n’est pas pour rien qu’il y a marqué « roman » en dessous du titre. L’idée que je me fais de sa personnalité – après avoir certes beaucoup enquêté – est le pur fruit de mon imagination. Mais je pense ne pas être très loin, de même pour JFK.


Qu’avez-vous envie de dire aux lecteurs qui n’ont pas encore lu votre roman ?
    De le lire ! Selon les retours que j’ai, il plaît autant aux femmes qu’aux hommes, c’est une histoire d’amour, mais c’est aussi un thriller et un roman sur la folie de la guerre froide avec ses coulisses et sa paranoïa. Il plonge le lecteur dans l’ambiance des années 60 et montre JFK sous un nouveau jour, celui d’un homme en proie au doute, qui se rêve un autre destin, un être de chair et de sang. Enfin, je donne une nouvelle piste possible concernant son assassinat, qui selon moi, pourrait bien être lié à Mary Meyer…Mais ce n’est qu’une hypothèse de romancière !


Quels sont vos projets ?

    Je suis en train de terminer l’écriture d’un nouveau roman. Sa publication est prévue en novembre prochain toujours chez Belfond. Je m’attaque encore à un mythe puisqu’il s’agit cette fois de…James Bond ou plutôt de l’homme qui a inspiré Ian Fleming pour créer son célèbre agent 007. 

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