Renaud Marhic

 

 

 

Renaud Marhic



Bonjour Renaud Marhic, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
    Vivre avec une bande de Lutins Urbains déchaînés autour de soi, bon, OK, on s’y fait ! Mais pourquoi moi ? Je vous prie de croire que, quand j’ai découvert que mes lointains aïeux couraient la lande la nuit au côté d’étranges créatures de petite taille, ça m’a fait quand même un peu bizarre… En fait, il suffisait d’ouvrir l’édition du 22 octobre 1928 de L’Ouest-Éclair (ancêtre du quotidien Ouest France), et d’y lire – en haut de la page 6 à gauche – les aventures d’un certain Marhic sous le titre : Une légende bretonne : les Strubinellous de Trémazan. J’ai compris alors que l’on n’échappe pas à son destin ! (Faut-il le préciser, je vis en Bretagne où, dit-on, les traditions les plus populaires étaient celles concernant les lutins…)


L’écriture a-t-elle toujours été présente dans votre vie ? Quel a été le déclic pour vous lancer dans l’aventure du roman ?

    Si l’on considère qu’à 50 ans je publie cette année mon dix-neuvième livre – et ma onzième fiction –, oui, on peut dire que l’écriture ne m’a guère lâché les bretelles ; elle non plus ! Parce que, bien sûr, dès la parution de mon premier roman, mes Lutins ont lourdement insisté pour être de l’aventure…


Comment devient-on Petit Reporter de l’Imaginaire ?
    J’étais reporter tout court. De « tout court » à « petit », je n’ai donc pas eu beaucoup de chemin à faire. Je travaillais pour la télévision, la radio, la presse écrite… Me consacrant à des sujets de société difficiles, j’essayais de rester néanmoins humain, dans un milieu où cela n’est pas la priorité première… « Tu as un côté Tintin petit reporter ! » m’a-t-on lancé un jour. Eh bien soit ! Petit reporter me va ! J’accepte Petit Reporter ! Je ramasse Petit Reporter ! Et, comme dit l’autre, « ce nom je le hausse à ma taille ! ». (Je ne regrette rien. Tintin en personne a d’ailleurs tenu à me remercier de cet hommage en se manifestant à moi comme on peut le voir ici.) Ensuite, quittant les médias et les sujets difficiles, désireux de me consacrer à la fiction, comme je sous-entendais plus haut mes Lutins Urbains ne m’ont pas vraiment laissé le choix ! « Petit Reporter tu as voulu devenir… les chroniques de ton imaginaire tu dois tenir ! » m’ont-ils expliqué en substance.


Comment s’est passée votre première rencontre avec un Lutin Urbain ?
    J’étais si jeune… Et pourtant je m’en souviens comme si c’était hier. Ma compagne à mes côtés, je fonçais à travers les rues de la cité. Je venais d’acheter quelques saucisses, le soleil brillait, et, au volant de mon bolide – c’était une AX rouge –, je me sentais vraiment invincible… Et voilà que, d’un violent coup de frein, j’évitai la collision avec un livreur de pizzas à scooter qui m’avait refusé la priorité ! Furieux, j’enfonçais le klaxon. Aucune pizza – pas même une chorizo-merguez supplément oignons – ne justifiait que l’on prenne de tels risques ! C’est alors que je l’aperçus… poursuivant le livreur… moulinant des jambes à une telle vitesse qu’on aurait pu le croire monté sur roues… son bonnet vert et sa barbe blanche au vent… Le Pizz’ Raptor ! Lutin de la sous-espèce des « gnomes chouraveurs ». (C’est du moins ce que m’ont expliqué deux créatures qui, elles déjà, vivaient à mes côtés ; il me faudra un jour en reparler.) En matière de Lutins Urbains, ce n’était en tout cas que le premier d’une longue série. Que convenait-il de faire ? Prévenir la police ? Appeler Batman ? Entrer dans un monastère ? J’ai longtemps hésité…


Comment vous est venue l’idée/l’envie de dévoiler leur existence ?

   D’un côté, évidemment, je ne pouvais révéler de but en blanc à un monde incrédule que les Lutins Urbains sont parmi nous… De l’autre, leur présence était un secret bien trop lourd à porter pour moi… Dans un premier temps, j’ai donc décidé de me limiter à une sorte de « trombinoscope » – ne parlons pas de « bestiaire » ; ils risqueraient de se vexer – présentant nos petits amis, sans pour autant divulguer leurs aventures dans ce qu’elles ont de plus traumatisant pour les humains. Ce fut Lutins en milieu urbain ou Us et coutumes des lutins et autres peuples féeriques en milieu urbain au début du 21e siècle, album illustré paru en 2003. Et il m’a fallu encore dix longues années pour me résoudre à tout dire ! Ce fut donc alors L’attaque du Pizz’ Raptor, tome 1 de ma série « 7-77 ans » Les Lutins Urbains…

 

Les Lutins Urbains Tome 1 & 2


Le tome 2, Le dossier Bug le Gnome, vient de sortir aux éditions P’tit Louis. Pourriez-vous nous le présenter ?
    « Jadis, [Bug le Gnome] buvait l’huile des lampes, il soufflait sur les bougies, urinait dans les barriques de vin, bouchait de son petit corps potelé l’extrémité des cheminées… Et bien sûr, il déferrait les chevaux arguant du confort des animaux ! » Ainsi s’exprime le Professeur B., directeur de l’Université d’Onirie, à propos du deuxième Lutin Urbain que Gustave – jeune adjoint de sécurité dans un commissariat de quartier de la Grosse Cité – va devoir se coltiner… Le vieux Docteur en Lutinologie ajoute encore : « Bug le Gnome ne s’est jamais laissé dépasser par le progrès, comprenez-vous ? Il a su adapter ses effets pour, en toutes circonstances, conserver sa capacité de nuisance. Ainsi a-t-il accueilli avec joie l’arrivée de l’électricité. Le bougre est friand de “châtaignes” ! Il ne craint pas les “marrons” ! » Si l’on ajoute à ça que certains attribuent à Bug le naufrage du Titanic, l’explosion de la navette spatiale Challenger ou l’accident nucléaire de Fukushima… on comprend que, cette fois, les dangers qui nous guettent vont bien au-delà d’une pénurie de pizzas ! Ah oui, j’oubliais : Bug vient de s’introduire dans le Laboratoire d’Étude et de Recherche Nucléaire de la Grosse Cité. (Bonne chance, Gustave…)


Une troisième aventure est-elle prévue ?
    Elle paraîtra en octobre 2015 et s’intitulera Les Lutins Noirs… Je me permets de vous rappeler que, au terme du tome 2, je me retrouve quand même avec un rhinocéros bipolaire sur les bras et qu’il ne peut être question de laisser la pauvre bête dans cet état ! D’autre part, ceux qui croient encore que les lutins se limitent aux seules nations du Vieux continent vont devoir se faire une raison : pas de contrées où les lutins n’aient essaimé ! Même si, européens ou africains, les lutins, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Car c’est bien connu, la couleur ne fait pas le gnome…


Quels sont vos projets ?
    Devenir rapidement maître du monde est une option que je ne peux écarter si je m’en tiens aux exigences de mes Lutins. Pour cela, il est vrai que je dispose de quelques atouts : une page Facebook (pour savoir à quel point que je suis aimé)… un éditeur qui croit en moi, Les éditions P’tit Louis (avec un nom comme ça, hein !)… les commerciaux desdites éditions P’tit Louis (je les embrasse) qui, été comme hiver, sous la canicule ou le blizzard, vont sur les routes pour porter mes œuvres jusqu’à ces librairies où l’on veut du bien aux Lutins Urbains… sans oublier la FNAC qui vous permet désormais de commander Les Lutins Urbains sans frais de port, où que vous vous trouviez (en cette période, qui pourrait résister ?)…

Merci beaucoup Renaud Marhic, nous vous laissons le mot de la fin.
    J’ai déjà été très long. Je me contenterai donc de ce proverbe qui est aussi la devise des Lutins Urbains : « Tu comprendras ça quand tu seras p’tit ! »

 

  Du même auteur : Biographie, chronique, interview
 

 

 

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