Thierry Cohen

 
 
 
 



Interview de Thierry Cohen
 

Bonjour Thierry Cohen, pourriez-vous nous présenter votre dernier bébé : Je n’étais qu’un fou (éd. Flammarion) ?
C’est à la fois une histoire très humaine sur la dérive d’un homme qui voit sa vie lui échapper et un thriller fondé sur une intrigue déconcertante. J’ai construit ce roman sur un rythme particulier : lente au départ, quand on assiste à la déchéance de Samuel Sanderson, écrivain célèbre, adulé par ses lectrices, l’histoire s’accélère progressivement pour entraîner le lecteur au cœur d’un suspense que je souhaite étonnant et l’étourdir, le désarçonner.


Comment est née cette histoire ?

Je n’arrive jamais à dire précisément comment naît une histoire. Elle m’a sans doute été inspirée par mes discussions sur Facebook et par des messages étranges que j’ai reçus. Tant de choses se jouent à travers ce mode de communication : l’intérêt, la séduction, la découverte… C’est parfois beau, parfois surprenant, quelque fois inquiétant. Comme dans ce roman.


Votre personnage est un auteur de roman à succès, comment a-t-il pris forme dans votre esprit et pourquoi ce choix ?

J’ai toujours été étonné de voir à quel point la notoriété et le fric pouvaient pervertir les êtres. Et tant qu’à aborder la question, autant le faire à travers un écrivain : je connais le milieu, je sais les souffrances, les doutes qu’engendrent l’écriture et les risques encourus. De plus, cela me permettait sans doute d’exorciser certaines peurs. La principale étant de ne devenir qu’un fou parmi les fous.


Cet homme perd peu à peu ses repères, ses valeurs, pensez-vous que certaines qualités sont importantes, voir primordiales dans la vie ?
Oui ! On ne peut avancer et se construire sans vraies valeurs !


Je n'étais qu'un fou - Thierry CohenLes titres de vos deux derniers romans rappellent deux chansons très célèbres. Comment vous est venue cette idée ?
Par… facilité
En fait, pour Si un jour la vie t’arrache à moi, la chanson de Piaf (reprise par Johnny Halliday avec talent) joue un rôle important dans l’histoire. Et cette phrase résumait tout à fait ce que Gabriel et Clara éprouvaient l’un pour l’autre et l’idée qu’ils ne supporteraient pas que la mort les sépare. Pour Je n’étais qu’un fou, l’idée m’est venue pendant l’écriture, quand Samuel réalise qu’il n’est qu’un fou d’avoir laissé partir sa femme et sa fille et d’avoir succombé aux facilités de la célébrité.


Aviez-vous déjà en tête les différents rebondissements de votre livre avant d’en entamer la rédaction ou vous êtes-vous laissé porter par l’histoire et/ou vos personnages ?
J’ai toujours les principales phases de mes romans en tête quand je commence l’écriture. L’intrigue est déjà là mais mes personnages m’entrainent souvent dans des détours surprenants et l’histoire s’étoffe. En fait j’écris une moitié du roman et mes personnages l’autre moitié.


Quel regard portez-vous sur l'évolution de la blogosphère littéraire durant ces dernières années ?
Un regard curieux et amusé. La blogosphère est le reflet de notre société. Il y a donc du bon et… du moins bon. J’aime l’idée que des lecteurs passionnés créent des blogs, jouent le rôle de critiques, que cette « fonction » ne soit plus réservée à une élite qui se complaît à passer les plats aux amis. Il est bon que ce pouvoir soit maintenant plus diffus et que des bloggeurs s’en emparent. Je suis persuadé que la réussite d’un roman ne dépend plus des critiques littéraires mais des bloggeurs et des lecteurs qui en parlent sur leurs sites, leurs Facebook. C’est comme ça que naît le bouche à oreille. Les bloggeurs sont spontanés, sincères. Enfin, la plupart du temps. Il y a ceux aussi qui arrivent avec leurs égos surdimensionnés et leurs frustrations et s’amusent à jouer les Zemmour, Nauleau et autres Polony sans avoir leurs talents. Comme dans la vie quoi !  Quoi qu’il en soit, pour ma part (et celle de Samuel Sanderson), internet me permet d’être en contact avec mes lecteurs, de connaître leurs avis, d’écouter leurs critiques. Je ne fais pas de salons ou de dédicaces (très peu) parce que je n’en ai pas le temps et ne veux pas sacrifier ma vie personnelle pour « jouer les auteurs en tournée ». Internet, et notamment Facebook, me permettent toutefois de rester en contact avec mes lecteurs, de continuer à partager au-delà des romans. Et c’est… magique !


Quels sont vos projets ?
Continuer à écrire. Continuer à partager. Continuer à répondre à des interviews comme celle-là.


Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, nous vous laissons le mot de la fin.

Le mot de la fin sera pour vous qui donnez envie aux autres de lire des romans, de découvrir des auteurs. J’ai toujours trouvé admirable qu’une personne qui aime quelque chose (dans n’importe quel domaine) ait envie de la partager, de la faire découvrir. C’est comme ces lecteurs qui vont sur Amazon, sur Facebook ou ailleurs laisser un commentaire… C’est un véritable acte de générosité. Ca me touche. Ça m’émeut. OK, je suis trop sentimental…

 

 

 

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