Nataf Eric

 




Autobiographie d'un virus

 







Laissez-moi vous raconter une histoire.
Il était une fois un corps si petit qu'on ne pouvait le voir à l'œil nu. Si petit qu'on l'a ignoré pendant des siècles. Et lorsque nous l'avons découvert, nous nous sommes crus sauvés de son invasion. Nous pouvions le combattre. Ce petit corps qui nous décime un à un est le virus. Et s'il était intelligent?...

Autobiographie d'un virus
part de ce constat tout simple. Les virus sont intelligents et leur désir de s'étendre est propre à toute espèce vivante. Seulement, leur expansion passe par un vecteur tout simple: l'humain.
En effet, le virus ne peut vivre sans un cheval de troie. Ajoutez à cette réflexion la constatation selon laquelle le taux de fertilité masculine diminue au sein des grandes métropoles des pays développés, et vous obtiendrez le raisonnement alarmiste d'Eric Nataf: et si les virus avaient élaboré une stratégie pour entièrement colonisé son vecteur préféré?...

Voyons un peu l'histoire. Ecrit à la première personne, le roman commence en novembre 2050. Max Journo, vieux médecin spécialiste des maladies touchant aux spermatozoïdes, pleure le décès de son épouse Julia. Il nous apprend ainsi que l'espèce humaine a cessé d'exister en tant que tel. Et qu'il est responsable de ce cataclysme. Ensuite, l'intrigue est un flash-back qui nous raconte tout ce qu'il s'est passé jusqu'à cette année où le cycle semble être devenu irréversible. Nous découvrons la maladie avec les plus grands spécialistes mondiaux, nous vivons leurs espoirs et leurs échecs. Mais nous avons un avantage sur eux: nous connaissons la fin de tout ça. Est-ce vraiment un avantage. En effet, cette connaissance nous pousse à comprendre ce qu'il s'est passé alors que l'on sait que la conclusion ne peut plus être changée. Un mélange de curiosité et de mélancolie apparaît au fil de la lecture pour ces gens à qui l'on s'attache.

Le roman est dense. Il fait 686 pages. Cependant, on n'y discerne pas une longueur. Autobiographie... fait partie de ses romans où chaque mot, chaque phrase est important. Tout est essentiel à l'avancement de l'intrigue. Un petit bémol peut être. Au cours de l'intrigue, nous évoluons au sein du milieu de la recherche, il arrive que l'on soit perdu dans les termes et les images scientifiques. Mais on revient vite à l'essentiel du roman. Par conséquent, ces termes et situations deviennent partie intégrante du roman, et l'esprit les prend comme tel sans chercher les détails.
Avec ce premier livre, Eric Nataf a jeté un pavé dans la mare en s'inscrivant dans un genre peu usité en France. Il nous pond un roman d'anticipation réussi et effrayant. Tout, à la virgule près, est crédible et possible. Lorsque vous savez que le monsieur est médecin, vous finissez d'avoir peur. Surtout, il écrit une histoire intense et épaisse sans nous perdre. Enfin, le style est fluide et très imagé. Vous ne pouvez qu'imaginez les scènes. Ce qui leur donne une force palpable.
Je vous conseille vivement de partir à la découverte de cet auteur. Il le mérite.
 
 

                                                   
 

 

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