Philip Le Roy

 


La brigade des fous - Blackzone – Philip Le Roy


 

Bonjour Philip, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis notre dernière interview (Juillet 2007) ?
J’ai publié « Evana 4 » et surtout « La Dernière Frontière », mon roman le plus abouti, le plus dense, le plus complexe. Il a conclu ma série de romans avec Nathan Love et mis un point final à mon ambition de proposer à un lectorat trop ciblé des pavés de 700 pages nécessitant trois ans de recherches et d’écriture.

La brigade des fous - Blackzone – Philip Le RoyVotre nouveau roman, La brigade des fous - Blackzone, est sorti en juin 2012. Pouvez-vous nous le présenter ?
Nathan Love cède la place aux jeunes ! J’ai constitué une brigade de six adolescents dont les handicaps, très lourds, ont été transformés en facultés extraordinaires. Ces jeunes vont devenir une arme redoutable contre les adultes qui leur laissent une planète poubelle.

Comment vous est venue l’idée de cette histoire ?
En regardant autour de moi : les copains de ma fille de quatorze ans, les jeunes à qui j’enseigne les arts martiaux, et puis les décors de ma région, très cinématographiques. J’ai ensuite collé des handicaps sérieux à mes ados pour bien marquer leur différence, j’ai lâché des requins dans la baie de Cannes et imaginé qui pouvait être le milliardaire diabolique qui occupe la seule résidence de l’île Sainte-Marguerite au large de Cannes.

Les membres de cette brigade sont assez particuliers, comment avez-vous créé vos personnages ?
J’ai effectué un gros travail de préparation pour caractériser ces six adolescents et étudié leurs handicaps respectifs tels que l’autisme, la trisomie, la bipolarité, l’addiction, la dépression, l’hyperactivité. Je voulais que leur transformation soit crédible et que les lecteurs puissent éprouver de l’empathie avec cette nouvelle génération de héros.

En commençant l’écriture de ce roman, aviez-vous déjà en tête les différents évènements qu’allaient vivre vos personnages ?
Non , j’étais loin de me douter d’un tel dénouement. J’ai jeté mes personnages au milieu des requins sur lesquels véhiculent des idées reçues complètement fausses. Après avoir appris combien les squales sont indispensables à l’équilibre écologique, j’ai découvert les vraies menaces, moins flagrantes pour l’instant (sous la mer on ne voit rien !) mais ô combien dévastatrices ! C’est le principe narratif de mes thrillers : je fais tomber un domino qui en pousse d’autres.

La Brigade des fous fait partie de « Rageot Thriller », pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle collection ?
Le directeur de la collection, Guillaume Lebeau en parlerait mieux que moi. Ce que je peux dire, c’est ce qu’il n’osera pas dire de lui-même : il est la tête pensante du thriller en France, c’est lui qui a brillamment introduit le techno thriller dans l’Hexagone avec sa trilogie sur « la Dernière Guerre », c’est quelqu’un qui sait raconter des histoires. Il a également eu le talent de convaincre des auteurs de thrillers chevronnés d’écrire pour un lectorat plus jeune.

Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?
Je venais de finir « La Dernière frontière » en prenant conscience que les adultes lisent de moins en moins de romans, à part ces romans standards faciles à lire que je ne citerai pas. Avec le recul, je réalise que ma trilogie Nathan Love dont l’ambition était de raconter les coulisses du pouvoir qui a façonné le monde moderne, était moins accessible que le commun des polars. Certains lecteurs sont même passés à côté en croyant que Nathan Love était un personnage qui ne pouvait pas exister sauf dans les films de kung fu. Alors me tourner vers les ados, dont l’esprit est souvent plus vif et plus ouvert, m’est apparu comme une bouffée d’air frais. Je fréquente beaucoup de jeunes et apprécie leur spontanéité, leur langage, leur curiosité, leur enthousiasme. Ils n’ont pas l’esprit encore pollué par les strates de la société qui normalise tout. Le truc, si on veut écrire pour eux, c’est de raconter une histoire et d’écrire comme si on s’adressait à des adultes non formatés. Un vrai plaisir !

Aviez-vous un thème, des critères à respecter ou étiez-vous totalement libre de faire ce que vouliez ?
J’étais totalement libre dans la mesure où je respectais le genre du thriller qui reste très vaste. Il était juste conseillé d’aborder des thèmes contemporains susceptibles de toucher les adolescents. J’ai opté pour l’écologie car l’état des lieux de la planète que nous leur laissons est désastreux. Par quels moyens peuvent-ils s’en sortir ? Créer une Brigade  spéciale en est un. Cela me permet par la même occasion de leur glisser quelques vérités peu connues sur les requins, le finning, les zones mortes ou les puits de carbone.

Rageot Thriller s’adresse aux jeunes (et aux moins jeunes) amateurs de frissons.  De plus en plus d’auteurs se tournent vers la littérature jeunesse. Pourquoi ce choix, dans votre cas ?
Pour les raisons que j’ai citées ci-dessus. Contrairement à une autre idée reçue, les adolescents sont capables de dévorer des tas de livres si on sait s’adresser à eux. Avec « La Brigade des fous », j’ai eu la possibilité de repousser certaines limites de l’imaginaire sans risquer d’être taxé de farfelu. Quant aux lecteurs adultes qui étaient un peu largués dans mes précédents romans, ils vont pouvoir lire celui-ci sans aspirine. En fait, « La Brigade des fous » est conçue pour les lecteurs de 12 à 92 ans dépourvus d’œillères qui ne ricanent pas quand un autiste perce un code secret à dix chiffres en cinq minutes ou qu’une hyperactive progresse sur une sangle de 108 m de long à 1180 m de hauteur.

La musique et les arts martiaux tiennent une grande place dans vos romans, deux de vos passions. Pouvez-vous nous en parler ?
La musique et les arts martiaux sont plus présents dans l’univers des jeunes que dans celui des adultes. Cela tombe bien car ces deux arts participent au rythme de mes romans. Finalement, je suis peut-être resté un ado…

Quels sont vos projets ?
Un roman qui devrait faire du bruit car il va remettre en question beaucoup de nos croyances. Je viens d’en terminer l’écriture. Mais pour éviter qu’il ne m'explose en pleine figure avant qu’il ne soit édité, je préfère garder encore le contenu secret.

Merci beaucoup, Philip, une nouvelle fois, nous vous laissons le mot de la fin.
La fin, la vraie, celle du monde, sera décrite dans le dénouement de ce prochain roman ;-)

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