Barbara Abel

 

 

 

Barbara Abel © Fabienne Cresens

 

 


Bonjour Barbara, que s’est-il passé dans votre vie professionnelle depuis notre dernière interview (Juin 2009) ?
Juin 2009 ! Si mes souvenirs sont bons, c’était juste après la parution du « Bonheur sur ordonnance ». Depuis, il y a eu « La brûlure du chocolat », une comédie également, mais dans laquelle on sentait que le démon du suspens revenait me titiller les envies. Il fallait que je revienne au thriller, c’est devenu une évidence. Je n’ai d’ailleurs opposé aucune résistance.

Barbara Abel - Derrière la haineVotre nouveau roman, Derrière la haine, est sorti en avril 2012. Pouvez-vous nous le présenter ?
En deux mots, c’est l’histoire de deux couples qui vivent l’un à côté de l’autre. Leurs maisons sont mitoyennes, séparées par un mur, leurs jardins également, séparés par une haie. Et ce qui ne gâche rien, c’est qu’ils sont amis et ont chacun un petit garçon nés à quelques mois d’intervalle. Un tableau parfait, entre barbecues, apéros et confidences. Jusqu’au jour où un drame va briser la belle harmonie de ce voisinage idyllique. A partir de là, la Paradis se transforme en Enfer. Yerk yerk yerk !

Comment vous est venue l’idée de cette histoire ?
Une anecdote avec mes voisins justement, avec lesquels j’entretiens toujours de très bonnes relations, rassurez-vous. Une anecdote que je ne veux pas révéler ici, pour ne pas dévoiler l’intrigue du roman.  Mais l’idée s’est imposée tout de suite, forte et évidente.

Comment avez-vous créé vos personnages ?
La création de personnage est toujours une aventure faite de réflexions et de hasard. On puise dans le quotidien, c’est inévitable, pour que les personnages soient crédibles. Ensuite, l’intrigue impose ses exigences : il faut tout justifier afin que le lecteur puisse « croire » à l’histoire. Et la psychologie des personnages ainsi que leur passif sont là pour servir cette intrigue. C’est une véritable machinerie, avec ses rouages internes, qui se met lentement en place. Enfin, une fois que les bases sont posées, les personnages commencent à exister, ils ont leur logique personnelle, leur psychologie propre, qu’il faut respecter jusqu’au bout. Ce roman n’a pas fait exception à la règle, j’ai posé les bases dont j’avais besoin pour alimenter au mieux mon intrigue, j’ai défini pour chacun leurs forces et leurs faiblesses en tentant de les utiliser le plus efficacement possible afin de profiter de tout le potentiel de l’histoire que j’avais imaginée.

En tant que mère, comment faites-vous pour aborder des sujets aussi durs ?
C’est justement parce que je suis maman que ce genre de sujet me touche, et que ce style d’idée me vient à l’esprit. Ce ne sont jamais que les angoisses que beaucoup de mères ressentent. Après… Après il faut savoir gérer, utiliser ses émotions personnelles à bon escient pour toucher le lecteur sans tomber dans une débauche d’émotions douloureuses. La lecture doit rester ludique, il ne faut pas que le lecteur « souffre », il faut savoir faire preuve de pudeur. Si les auteurs ont de l’imagination, les lecteurs en ont aussi. Sans trop en dire au sujet du personnage qui est au centre du drame en question, j’ai fait en sorte qu’on ne s’y attache pas trop, justement pour ne pas tomber dans une horreur gratuite qui n’aurait rien apporté à l’histoire. Dans ce cas précis, c’est la situation engendrée par le drame qui était intéressante. Pas le drame en lui-même. Il faut trouver le juste milieu pour toucher le lecteur sans lui imposer vos névroses ;-)

En commençant l’écriture de ce roman, aviez-vous déjà en tête les différents évènements qu’allaient vivre vos personnages et notamment la fin qui laisse le lecteur sans voix ?
Dans ce cas précis : oui ! L’idée du roman n’avait d’intérêt que grâce à la fin. Sans cette fin, l’histoire n’aurait pas été « viable ». En revanche, la plupart des évènements qui conduisent à cette fin n’existaient pas quand j’ai commencé la rédaction du roman. Cela s’est construit au fil de l’histoire, en même temps que la construction des personnages. Si je connaissais toute l’histoire avant de l’écrire, je n’aurais plus envie de l’écrire. Il faut une part d’inconnu pour que l’aventure soit excitante. Plus d’une fois, il m’est arrivé d’entamer un roman sans en connaître la fin.

Vous revenez à vos « premiers amours » le roman noir, quel est le genre qui vous procure le plus de « plaisir » à l’écriture ?
Sincèrement, le genre a peu d’importance, même si je dois reconnaître que le thriller est particulièrement jouissif au niveau de la construction. Ce qui compte avant tout, c’est de raconter une histoire à laquelle on croit, et surtout avec laquelle on est prêt à passer une année entière. Aimer ses personnages. Et puis, s’amuser ! Je ne fais pas partie de ces auteurs qui créent dans la souffrance. Si j’ai du plaisir à écrire mon roman, il y a de fortes chances que le lecteur ait du plaisir à le lire.

Derrière la haine est particulièrement additif, quel est votre secret pour scotcher autant vos lecteurs à vos mots ?
Peut-être ce plaisir dont je parle à la question précédente… Sincèrement, je ne me pose pas trop la question pendant que j’écris. Je concentre toute mon énergie à raconter mon histoire avec le plus de sincérité possible. Je raconte le genre d’histoires que j’aime lire, en me disant que si cela me plait, d’autres l’aimeront sans doute. Et puis, il y a l’expérience aussi… C’est mon 8ème roman, au fil de mes 7 romans précédents, j’ai appris et compris pas mal de « trucs et astuces » pour faire monter la sauce. Finalement, la façon de raconter est tout aussi importante que l’histoire en elle-même.

Quel genre de voisine êtes-vous ?
Il faudrait poser la question à mes voisins ;-) Mais je ne pense pas être une voisine trop incommodante. Enfin… j’espère !

Vous avez récemment fait de nombreuses séances de dédicaces. Que vous apportent ces rencontres avec vos lecteurs?
La réponse est bateau, mais elle est sincère : c’est l’occasion justement de rencontrer les lecteurs et d’avoir un échange avec eux. En général, s’ils viennent vous voir, c’est parce qu’ils ont aimé vos romans (peu de gens se déplacent pour aller voir un auteur qu’ils n’aiment pas). A partir de là, ils vous disent ce qu’ils ont aimé, et aussi ce qui les a gêné… Les critiques sont constructives, après c’est à l’auteur de faire le tri et d’en tenir compte. Pour « Duelle », par exemple, beaucoup de lecteurs m’ont dit qu’ils avaient beaucoup aimé le roman, mais que le début était trop long. C’est une critique dont j’ai tenu compte pour les romans suivants.
Quels sont vos projets ?
Un nouveau roman, bien sûr ! Mais… suspense !!!!

Merci beaucoup, Barbara, une nouvelle fois, nous vous laissons le mot de la fin.
Fin.
Non, je rigole : merci, bien sûr, pour l’intérêt que vous portez à « Derrière la haine » et pour cet espace de dialogue que vous m’octroyez…

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