Willocks Tim






La cavale de Billy Micklehurst

 







Résumé de l'éditeur:
La fin d’une époque – les conditions du vrai L’effort de communication
"C'était l’hiver, un hiver mordant de février, et je n'avais pas revu Billy depuis des mois, quand je tombai sur lui un soir à Shudehill. Il avait les cheveux en bataille, pas rasé, sans chaussettes malgré la froidure de la nuit et tremblant de la tête aux pieds, accroché à un réverbère dans une flaque de lumière jaune, et en pleurs. Il me vit approcher et se tordit pour libérer une main, en une invite désespérée. “Rouquin, cria Billy. Rouquin ! La partie est finie pour Billy ! La rumeur se répand ! Ils sont après moi !” Il marqua une pause, chuinta et de la bave jaillit de ses lèvres :“Je les ai sur le dos !”."
Clochard errant, alcoolique, Billy "souffre" d'hallucinations : des démons le tourmentent, attendant de lui qu'ils les libèrent. Habitantes d'un cimetière mystérieux, ces créatures démoniaques logent en réalité dans les méandres cérébraux de Billy et conduiront cette "épave indestructible" au suicide. Le lecteur assiste au montage d'un court-métrage, il plonge à la fois dans l'atmosphère du récit fantastique – plans larges, espaces énigmatiques, ténébreux – tout comme il frôle la surface des choses, se confronte à la réalité la plus concrète tant Tim Willocks sait décrire non seulement un personnage mais aussi un homme, yeux enfoncés, gencives ravagées, dents cassées, costume à fines rayures maculé. Fort de sa profession de psychiatre, Tim Willocks évoque sous une forme littéraire le problème de l'alexithymie, difficulté à verbaliser ses émotions et ses douleurs, liée à des symptômes psychosomatiques. Ce faisant, il place la littérature au niveau de la misère humaine, l'écrivain, comme la mission dont Billy Micklehurst se croit chargé, est un passeur d’âmes.
La cavale de Billy Micklehurst est une petite nouvelle de Tim Willocks d'une trentaine de pages. Une fiction autobiographique sur une rencontre improbable due au hasard.

L'auteur, alors adolescent, entre en collision avec Billy, un sans-abri. Cette fiction montre comment cette rencontre a bouleversé la vie du narrateur. Comment il s'est nourri malgré lui de la folie et de la souffrance de Billy, ce "passeur d'âmes" d'une grande richesse.
C'est une nouvelle absolument remarquable qui a une puissance et une force de résonance inouïes. Elle décrit au plus profond la folie, celle qui est destructrice, mais aussi créatrice. Tim Willocks décrit avec respect et subtilité cette folie sans voyeurisme ou pathos. Tim Willocks montre une folie comme constante de l'humanité et son universalité. Son pouvoir de faire évoluer les choses, de pousser à la création, qu’on s'interroge également sur l'intégration de la folie dans la société plutôt que de l'exclure. Tim Willocks porte un regard aussi sur l'exclusion, d'un violent réalisme.

C'est une nouvelle d'une grande humanité, un bel hommage et une lecture enrichissante.

À noter que cette nouvelle est superbement illustrée par une reproduction des Souliers de Van Gogh.
Les Éditions Allia offrent un magnifique ouvrage avec les deux versions de cette nouvelle, en français et en anglais, agrémenté d'une interview de Tim Willocks sur ses écrits et son métier de psychiatre qui a pris ses racines dans cette rencontre avec Billy Micklehurst.
Et pour le modeste prix de trois euros, il ne faut absolument pas se priver de cette sublime nouvelle.

La cavale de Billy Micklehurst, parution mai 2012, Éditions Allia



 

Go to top