Gevart Fred






Bois

 

 


 

Résumé éditeur :
Le dernier matin, quarante pour cent des suppliciés se conduisaient en lâches. Pleurant, hurlant, luttant du début à la fin. L’un d’eux a même tenté de gagner du temps par tous les moyens : lettres à sa mère, à son père, à ses frères et sœurs, à ses voisins, renversant par deux fois le verre de rhum et demandant une quatrième, puis une cinquième dernière cigarette. Un autre s’est tant débattu qu’il est tombé de la bascule dans le grand panier, sur le corps cisaillé de son compagnon. Certains, comme Lacenaire, sur-jouaient. La tête haute jusqu’à ce qu’elle tombe. Déversant leur mépris sur les membres du cortège, sur la foule, sur le bourreau. Mais quelques uns partaient sans forfanterie. Dignement. Sans faiblesse exagérée. Ils mouraient en hommes. Pense à Soudy, Callemin et Monnier, un matin d’avril 1913, à l’angle du boulevard Arago. Sylvain Michalski, à n’en pas douter, aurait été de leur trempe. Quant à toi… Lors de l’assaut du G.I.G.N., l’explosion avait effacé l’intégralité de sa mémoire. Vingt-huit ans réduits à néant. Mais Marlène était revenue. Ils avaient fondé une famille et le succès littéraire avait suivi. Après quinze ans d’abstinence, c’est dans un verre d’alcool que Michalski découvre ce qui s’est réellement passé dans les galeries désaffectées de la mine de Tungstène. L’amnésie lui avait tout donné, mais à présent la vérité vient reprendre son dû.

Les Editions Écorce, après "Retour à la nuit" d'Eric Maneval, nous prouvent qu'elles ont une vraie ligne éditoriale et sont de formidables découvreuses de talents et de vraies plumes.
Le premier roman de Fred Gevart, "Bois", est un remarquable roman noir qui vous laissera groggy comme après une bonne cuite. Cette histoire nous capte par ses premières notes parfumées de polar, fortes, épicées, puissantes où l'on suit la narration du personnage principal qui essaye de sortir des brumes de sa mémoire. Connaitre les causes de son amnésie, se rappeler ce qui s’est réellement passé dans la mine et essayer de sauver son couple. Mais des secondes notes plus subtiles, plus personnelles, s'intègrent.

Le récit se compose de plusieurs couches où l'auteur multiplie les changements d’époque, de prises de vue d’une même scène, avec comme repère pour le lecteur le changement de police de caractère pour ne pas se perdre. Le lecteur est enivré par ces multiples histoires, l’ambiance est très Lynchienne, on dérive au fil des pages en recomposant la vie éclatée par une grenade du personnage. On est littéralement grisé par les rebondissements de cette histoire.

Fred Gevart a une plume originale et un sens de la construction du récit et de l’ambiance. A la fois noire, fantasmagorique, réelle, trouble, donnant au roman toute sa saveur. Toutefois, certains lecteurs pourraient tituber et trébucher en route par cette construction et ce style qui sortent des sentiers battus.

"Bois" se déguste comme une bonne bouteille de Lagavulin, cher à l'auteur. "Bois" est à consommer sans modération.

Bois, parution décembre 2010. Éditions Ecorce


Du même auteur : Biographie, chronique, interview


 

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