Trinh Thi Coralie






Betty Monde

 

 

 

 




Betty est la chanteuse d’un groupe de rock tendance Métal. Elle vit au sein de sa tribu, de manière libre et idéaliste. Betty Monde est son histoire.
Ce résumé est volontairement court, pour la simple raison que je n’ai pas trouvé comment résumer l’histoire, sans trahir la vision de l’auteur de La Voie Humide. Car, si Betty Monde pourrait se réduire à une chronique musico-sexuelle, le lecteur passerait à coté de l’essentiel. L’histoire de Betty Monde puise ses racines dans une soif de liberté absolue et surtout dans un idéalisme libre de toute entrave, peu importe les conséquences.


Afin d’aborder ses thèmes fétiches, Coralie Trinh Thi s’appuie sur la musique, la drogue et le sexe et les pousse au maximum, à la fois comme outil de découverte de soi et aussi de découverte des autres. Mais elle pousse aussi la démonstration jusqu’au bout, quand ces mêmes outils servent la destruction plutôt que la construction. L’auteur nous montre qu’il faut toujours aller plus loin que ses idées reçues et surtout toujours se remettre en cause pour examiner notre « conscience ».
Pour faire cela, la co-réalisatrice de Baise-Moi, utilise un style que, personnellement, je trouve subjuguant. Alliant les descriptions les plus naturalistes aux envolées plus lyriques, tout cela semble naturel dans l’univers de Coralie Trin Thi. Et surtout, alors que beaucoup d’auteurs, dans le même cas, se réfugient dans un style volontairement abscon, la romancière reste toujours accessible comme si elle nous prenait par la main pour nous emmener dans son monde.
En dehors de tout cela, Betty Monde reste une histoire très forte, si l’on excepte un très léger passage à vide vers les deux tiers du roman. Sa soif de liberté et son refus des compromis ne peuvent que nous impressionner. Presque 10 ans après sa sortie, Betty Monde n’a absolument rien perdu de sa force et de son pouvoir de fascination. Personnellement, une fois la lecture achevée, j’ai eu une furieuse envie de me remettre au pogo.
Un petit mot des scènes de sexe qui parsèment ce roman. Certes, c’est cru, mais comme je l’avais dit pour La Voie humide, ce n’est jamais gratuit et surtout l’auteur arrive à distiller une ambiance trouble et à conférer au sexe son statut d’expérience ultime. Après les avoir relu plusieurs fois, je n’ai toujours pas compris comment l’auteur s’y prend pour arriver à ce résultat-là, mais ce qui est sûr, c’est que c’est réussi.


En conclusion, Betty Monde est une histoire d’amour qui ne dit jamais son nom. C’est beau, puissant et profond, tout en oubliant d’être pédant. Bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré et je regrette que la production littéraire de Coralie Trinh Thi s’arrête à deux romans en dix ans (je mets de coté les autres livres). Car des livres écrits avec ce style et cette puissance, j’en redemande tous les jours.



A noter, que presque dix ans après sa sortie, il n’est pas toujours évident de s’en procurer un exemplaire. J’ai personnellement galéré longtemps avant d’en trouver un. En tout cas, persévérez, car cela vaut vraiment le détour.

Betty Monde, parution octobre 2002, éditions Au Diable Vauvert.



 
Go to top