Sandrine Gestin







Décembre 2010




 

 

Bonjour Sandrine Gestin, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vous et sur votre parcours ?
Je suis Bretonne, née sur cette terre riche de la tradition Celte. Après un parcours tout ce qu’il y a de plus classique jusqu’au bac A1 (math, philo), j’ai réellement commencé à vivre ma passion à l’E.S.A.G. (école d’art graphique à Paris). Trois années intenses et riches d’apprentissage. Commencent ensuite les envois de dossiers et rendez-vous auprès des éditeurs qui débouchent sur des couvertures de livres de poche et des livres pour enfants. J’ai tout d’abord travaillé à l’acrylique puis à l’aquarelle, mais c’est l’huile qui m’a fait progresser d’un coup, me permettant de faire mes propres livres chez Au Bord des Continents et de collaborer avec Le Pré aux Clercs, notamment pour les encyclopédies.    

Le monde féerique est votre domaine de prédilection, qu’est-ce qui vous a amené sur cette voie ?
Les contes de fées et le merveilleux ont toujours fait partie de mon paysage intérieur… Aujourd’hui encore. Je peux difficilement concevoir de peindre et dessiner un univers trop éloigné de ce monde. À l’adolescence, j’ai découvert Tolkien et le jeu de rôle, ainsi le feu de la féerie ne s’est pas éteint et brûle encore…
 De manière générale, où trouvez-vous l’inspiration ?
Étant Bretonne, j’imagine que cette terre m’a nourri étant enfant.
Mais, en fait, je crois surtout que je vis la féerie, que c’est une seconde nature. La petite fille prête à croire est toujours là, avec sa naïveté et son émerveillement. C’est elle qui m’inspire.

A quel moment de la journée, préférez-vous travailler ?
Je travaille toute la journée, mais je préfère peindre l’après-midi jusqu’à pas d’heure, selon mon inspiration ou la nécessité…

Quand avez-vous su que votre passion deviendrait votre métier ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui, sans me pousser, ne m’ont jamais déconseillé de faire un métier artistique. Ainsi, dès l’adolescence, je savais que j’irais dans cette direction. J’ai d’abord hésité entre la mode, le design, les effets spéciaux pour le cinéma, la BD… Mais, c’est mon professeur de dessin en terminal, Alain le Kernec*, qui, me parlant de l’E.S.A.G. m’a orienté vers l’illustration, pour ma plus grande joie.
*Auteur, entre autres, de l’affiche pour Amnesty International en 1984 (le casque en barbelés).

Comment s'est passée la recherche de la maison d'édition qui vous a édité pour la première fois ?  Parcours du combattant ou bien simple ballade ?
Cela n’a pas été une mince affaire… J’étais très timide à cette époque et décrocher mon téléphone pour prendre un rendez-vous relevait de l’exploit ! Malgré tout, j’ai multiplié les envois de dossiers et les rencontres avec les éditeurs de livres et de magazines. C’est une revue de jeux-vidéos qui m’a donné mon premier travail (feu Tilt ) et j’ai très vite enchaîné avec des couvertures de livre (Denoël, Mnémos). Presque simultanément, j’ai rencontré les éditions Gründ pour illustrer « l’île aux 100 squelettes ». Ce n’était pas vraiment mon univers, mais c’était un premier livre et j’étais très heureuse…

Vous vous destiniez à la bande dessinée, comment êtes-vous arrivée à l’illustration ?
Le dessin est ma passion depuis ma tendre enfance, mais j’ai aussi toujours écrit des histoires. Et pour moi, la bande-dessinée était l’union parfaite des deux. Alors que j’étais encore étudiante en art graphique, j’ai collaboré avec deux auteurs de BD et je me suis rendue compte que cela ne m’allait pas. J’avais envie de préciser mon style, de me trouver avant de m’insérer dans des cases un peu petites…

Vous travaillez l’aquarelle, l’acrylique, l’huile et bien d’autres méthodes, quelle est votre favorite ?
Aujourd’hui, l’huile est incontestablement ma technique préférée. Elle me permet, surtout, de prendre mon temps et de revenir sur mon travail si nécessaire… Elle permet aussi plus de souplesse, plus de douceur car on peut travailler les « floutés » à sa guise…
J’aime aussi beaucoup l’aquarelle car elle est « vivante », dans le sens où elle fait un peu ce qu’elle veut. C’est ce qui la fait « vibrer » et qui la rend si unique, mais aussi si difficile à maîtriser surtout lorsqu’on peint la figure humaine…

Quels sont les artistes qui vous ont inspiré ?

Chez les peintres classiques, ce sont Rembrandt, Vermeer, les préraphaélites comme Waterhouse…
Plus près de nous,

Vous collaborez régulièrement avec Édouard Brasey, comment est née cette association ?
Nous nous sommes rencontré lors d’un salon du livre en province et nous avons sympathisé. Quelques années plus tard, il m’a recontacté car un projet d’encyclopédie voyait le jour chez le Pré aux Clercs… Projet que j’ai tout de suite accepté…

Comment fonctionne votre collaboration ?
Le plus simplement du monde ! Il m’envoie ses textes et, avec l’équipe éditoriale, nous décidons les sujets à illustrer.

Le  tome 2 de « L’encyclopédie du merveilleux »  est consacré au bestiaire fantastique, quel est l’animal que vous avez préféré illustrer ?
J’ai beaucoup aimé illustrer le chat… J’en ai trois à la maison et j’ai une passion pour ces « petites personnes en manteau de fourrure »… Le loup m’a beaucoup plu aussi. J’avais choisi de le peindre dans un décor enneigé et j’aime ces ambiances brumeuses.

 L’agenda 2011 vient de paraître (Éditions Le Pré aux clercs), comment ont été choisi les personnages féeriques qui illustrent chaque mois ?
C’est Édouard qui choisit les sujets qu’il souhaite aborder… Ensuite, j’essaye de les illustrer le mieux possible !

Vous avez également participé (en compagnie d’autres illustrateurs) à « La Grande Bible des Fées » (Éditions Le Pré aux clercs),  pouvez-vous nous en dire plus sur ce livre ?
J’ai été ravie de travailler avec Amandine Labarre et David Thierré, même si on ne s’est pas encore rencontré. C’est souvent le cas dans l’édition. On sympathise avec des personnes qu’on n’a jamais vues… La Grande Bible des fées est un très bel ouvrage que tous les amateurs de féerie devraient avoir dans leur bibliothèque. Je crois qu’il va devenir un vrai must !

Quel est votre conte de fée favori, et pourquoi ?
Les contes d’Andersen, dans leur ensemble, m’ont beaucoup marqué. Je me souviens plus particulièrement, je ne sais pourquoi, de La Petite fille aux allumettes et La Princesse au petit pois.

Quel livre conseilleriez-vous aux lecteurs qui veulent découvrir votre travail ?
Si les lecteurs veulent mieux connaître ma vie et mon travail, mon Artbook, ou le temps des fées s’impose car il retrace mon parcours, depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui et rassemble une grande partie de mes images.

Quels sont vos projets pour 2011?
Tout n’est pas encore décidé, mais voici ce qui à peu près certain :
Un nouveau livre chez Au bord des Continents va sortir en mars : La légende des dames de Brocéliande
Peut-être un nouveau livre chez Gründ.
Les agendas (scolaire et annuel) respectivement chez Au bord et Le Pré aux clercs…
Un calendrier au Pré aux clercs ?
Et une multitude de produits dérivés (mugs, notes book etc.) que je désigne en ce moment pour Au bord.

Merci beaucoup Sandrine Gestin,  nous vous laissons le mot de la fin.
Je suis très heureuse que la féerie ait pris son envol depuis quelques années, permettant de teinter le quotidien de ceux qui le désirent, d’un peu de douceur et de beauté. Faire partie de ce voyage me ravit et donne un sens à ma vie.

Sandrine Gestin, le 6 décembre 2010.
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