Thierry Brun

 




 
Juin 2010






Bonjour Thierry Brun, une petite tradition chez Plume Libre ; pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
    Bonjour, se présenter est toujours une épreuve, non ? Comme auteur, comme homme ? Comme conteur, je dirais, dans le combat, un peu rebelle mais intégré. Un raconteur d'histoires qui aurait paumé une partie de l’alphabet. Comme homme, un qui privilégie les ponts plutôt que les berges. Et puis ce sont les autres qui nous font, nos enfants, nos amours, amis, familles. Nous ne sommes rien dans l’individualité.


Votre roman fait partie de la nouvelle collection "Nuit Blanche" chez PLON. Comment avez-vous été contacté pour participer à ce projet ?
    Surhumain veillait au grain. Il rodait dans les couloirs des éditions Plon. C’était un projet bien avancé sous l’égide de Denis Bouchain, et avec la collaboration de Gilles Chenaille qui avait découvert le manuscrit. Nous œuvrions de concert.
Et apprendre que mon bouquin rejoindrait les romans d’auteurs qui avaient fait la renommée de la collection Nuit blanche fut une heureuse nouvelle.
Autrement, j’ai aussi tenté de soudoyer Denis Bouchain pour participer au projet. Mais cet homme est incorruptible !

 Comment vous est venue l'idée d'écrire ce livre ?
    J’avais une image précise, celle d’une silhouette immobile, celle d’un homme, au milieu d’une foule. Les flux et les reflux des individus constituant cette foule évitaient cet inconnu et déjà son étrangeté s’inscrivait. Qui était cet être statique épargné par la houle de notre société ? Etudiait-il ses contemporains ? Par quoi pouvait-il être animé ?


Avez-vous fait beaucoup de recherches ?
   Le protagoniste masculin principal, Thomas Asano, a œuvré comme mercenaire en Serbie entre 1991 et 1994. J’ai fouillé, déniché des témoignages d’anciens chiens de guerre.


Avez-vous des petits rituels quand vous écrivez ?
    Une bonne partie de mon écriture tient de la transe. Tant que je suis lucide, je sais que je n’y suis pas encore. J’ignore si c’est un rituel, mais j’écris vraiment à partir du moment où je ne suis plus de ce monde.
 

Comment créez-vous vos personnages ? Vous inspirez-vous de vos proches et/ou de vous-même ?
    Je n’obéis à aucune démarche particulière. Tout ce processus demeure un mystère. Il n’existe pas en fait. C’est un saut dans le vide. Une chute d’une falaise suspendue dans les airs. Comme je refuse la réalité, elle n’a aucun intérêt pour moi dans l’écriture, j’œuvre en totale liberté, même si j’aime utiliser la structure du réel. Chez moi ce n’est pas de l’inspiration, je ne pense pas. Plutôt une forme de décrochage.


Vous écrivez des thrillers / polars, pourquoi avoir choisi ce genre en particulier ?
    Aucun choix de ma part. C’est un étiquetage encombrant. Certainement nécessaire mais ça m’est étranger. Surhumain, comme d’autres romans étiquetés Polar ou Thriller, échappe à mon sens aux codes en vigueur. Je vis cette situation sans y adhérer. D’où vient le quiproquo ? Des éditeurs ou des lecteurs ?


Avez-vous lu les livres de vos petits camarades ? Un avis sur chacun d'eux ?
    J’ai lu Echo d’Ingrid Desjours que j’ai vraiment bien aimé ( cette Garance est impayable ! ) et je lis actuellement Le Fils des Brûlés du camarade Laurent Brard et je suis jaloux ! L’univers, l’écriture de Laurent me parlent (Bellem est un vrai personnage, avec une identité riche). Mais le temps me manque. L’écriture est un brasier qui absorbe toute mon oxygène.


Avez-vous rencontré les autres auteurs de cette collection et avez-vous un truc super moche à nous raconter sur chacun d'eux ainsi que sur votre tortionnaire... Heu, éditeur... C'est le moment de vider votre sac et de vous lâcher grave ! Mouhahaha...

    Laurent Brard est un buveur invétéré d’eau. N’est-ce pas le pire des défauts ? Beurk.
On ne peut inviter Ingrid Desjours au restaurant. Le saviez-vous ? Elle a une fâcheuse tendance à sortir son scalpel pour couper sa viande, et elle collectionne les Ferraris en fonte, mais là, je divulgue un lourd secret.
Denis Bouchain, l’éditeur de Plon, ne parvient pas à dissimuler son karma de Dark Vador.
Seul Laurent Terry échappe à ce ramassis d’êtres peu fréquentables !
 
 
Vos derniers coups de cœur littéraires, cinéma et musique ?
    Il y en a un qui regroupe tout : Terrence Malick. Je ne m’en remets pas. Ces créations tiennent à la fois de l’écriture, de la composition et du génie pur visuel. Et puis Djian et Patti Smith.


Quels sont vos projets ?
    A court terme ? Tuer la pianiste, pour ce qu'elle a fait de moi, chaque jour de ma vie, chaque semaine, chaque mois.


Merci beaucoup Thierry Brun, vous avez le mot de la fin.
    Je ne désespère pas d’écrire un jour.


Son roman sur Plume Libre :


 



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